Septembre 2023. Mot de rentrée du président
Chers collègues,

En ce moment de rentrée 2023, je vous souhaite une année enthousiaste aussi bien dans vos activités cliniques, dans l’ouverture de l’élaboration théorique que dans le bonheur du partage convivial entre nous.

Durant cette année nous œuvrerons ensemble à mettre en évidence, aussi bien dans la pratique que dans le champ conceptuel, les apports de la psychanalyse, sa valeur heuristique et pratique dans le monde contemporain.

Un premier séminaire d’enseignement s’attachera à quelques concepts fondamentaux de la psychanalyse, à partir des enseignements de Freud et de Lacan. Y seront abordés le sujet, l’inconscient, le transfert, le narcissisme, la jouissance, l’objet a, la conduite de la cure.

Une dimension me tiendra particulièrement à cœur et sera soutenue dans le cadre d’un second séminaire enseignement, celle consistant à préciser la complexité du statut du langage et de la parole, dans son nouage avec le Réel qui s’en institue, ainsi qu’avec les dimensions de jouissance qui y trouve sa loi tout en délivrant ce plus-de-jouir que Lacan a un jour identifié à rien de moins que le bonheur : « quoi d’autre sous le terme d’“heureux” est saisissable sinon précisément cette fonction qui s’incarne dans le plus de jouir ? » (1967), bonheur réel allant bien au-delà des mirages de la satisfaction. Aussi, le poème nous servira à l’occasion d’appui. Selon les mots de Salah Stétié, pour le poète, le langage ne se limite nullement à ce « simple miroir de poche où viendraient, selon l’orientation désirée, se faire piéger, l’une à la suite de l’autre, les figures de l’univers » ne formant alors que « conglomérats d’idées ou d’affects », c’est-à-dire des opinions sans vérité. Non, « pour le poète » au contraire le fait que « la poésie n’est faite que de parole » représente « sa puissance affirmative », dans la mesure où « la parole est une forme, à peine amoindrie, de la totalité pressentie », plénitude tirée du silence. Pour le psychanalyste aussi, la parole possède bien cette « puissance affirmative », celle d’un sujet en excès, et de son dire à entendre dans le silence au-delà du dit. Voilà pourquoi la psychanalyse, plus que jamais, est des plus précieuse à l’ère des proliférations de langages variés (y compris d’intelligence artificielle, d’algorythme, de protocoles, etc.) au sein desquels il s’agit pourtant de retrouver une orientation. Penser le « pari d’existence » du sujet corrélatif d’un dire, soutenir l’ontologie du négatif qui fait exister au-delà de la réalité, soutenir dans notre champ ce que le poète soutient dans le poème, voilà bien notre tâche.

Ces deux séminaires d’enseignement ne nécessitent aucun « prérequis » et une attention toute particulière sera accordée à rendre ces thèmes les plus intelligibles, sans céder cependant sur la rigueur ni sur un certain « travail » nécessaire afin de subvertir certaines acceptations courantes.

Outre ces deux séminaires d’enseignement, nous vous laissons également découvrir les différents ateliers, intervisions, et cycles de conférences proposés cette année et où nous avons le souci de mise au travail à partir de l’expérience de chacun, dans un esprit d’ouverture à une diversité d’auteurs psychanalystes, ainsi qu’un dialogue avec d’autres champs, depuis l’anthropologie jusqu’aux sciences les plus contemporaines.

Dans le prolongement des « hypothèses » à soutenir auxquelles je faisais déjà référence en juin dernier, je tiens aussi à reprendre brièvement dans ce mot de rentrée, deux versions de ces hypothèses que le psychanalyste Gérard Pommier, récemment disparu début août, nous a laissées en héritage. Dans son livre de 1987 « Le dénouement d’une analyse » (Point Hors Ligne) il reprend la spécificité de l’interprétation « saut de lion », qui se démarque de toute traduction de l’inconscient, qui va au-delà de la seule scansion relançant la quête infinie d’un désir, qui s’affirme plutôt comme une « secousse, rupture et reprise du temps autrement, un court-circuit temporel déterminant un avant et un après », événement que Gérard Pommier conceptualise à partir des deux versants du fantasme disposés sur la topologie d’une bande de Moebius, et qui tout à coup, se rejoignent dans une formule éclairante. Lors d’une conférence en 2005, sous le titre « Analyse finie et adolescence infinie », Gérard Pommier reprenait cette question de l’aboutissement de la cure, reformulé alors comme une nouvelle « fusée adolescente », un point de contact avec le « féminin », actualisation d’« une aube à revivre » déterminant une nouvelle fraîcheur au sein de la névrose dite adulte. Prélevées sur bien d’autres hypothèses, portant aussi bien sur le masculin, le féminin ou le nom, nous tenions à marquer, en forme de reconnaissance, la valeur vivante de tels gestes psychanalytiques, de telles clés transmises.

Pour terminer ce mot, il me reste à souhaiter à chacun et chacune une année  fructueuse, de trouver au sein d’Espace analytique de Belgique de quoi soutenir sa clinique et sa réflexion, et à toutes et tous, un plaisir toujours renouvelé d’échanger ensemble.

Au plaisir de se retrouver lors de la conférence de rentrée du samedi 16 septembre.

Antoine Masson
Président d’Espace analytique de Belgique

 

 

 

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