Janvier 2023. Les voeux de la présidente. 

A l’aube de cette nouvelle année, quelques questions émergent.

Peut-on encore interroger les choses et débattre d’idées? Et est-il toujours possible de faire forum ?

Il semble que l’heure ne soit plus au débat et que les questions soulevées ne soient plus traitées que sur un versant polémique ; la société du spectacle et sa médiatisation faisant œuvre.

Depuis Socrate et sa maïeutique jusqu’aux philosophes des Lumières en passant par la disputatio médiévale, les débats argumentés ont fondé les modalités d’une société démocratique. La parole de chacun trouvant une légitimité à se dire et poussant à penser un peu plus loin.

La méthode dialectique est celle qui rend possible les débats et la formulation de la pensée. L’art du dialogue où les points de vues contradictoires se répondent, tend à faire place à la recherche de l’humiliation où seul l’affrontement impose sa loi. Ce qui annihile l’altérité. L’interlocuteur n’est plus.
Imposer pour ne plus avoir à penser. La question s’éteint.
Pourtant, penser oblige à se faire une représentation mentale de la chose en son absence. Penser introduit ainsi au manque et parler est une manière de le traiter. Imposer est un moyen de l’obturer.

Quelle place la parole occupe-t-elle aujourd’hui ?
Tantôt accusatrice ayant valeur de vérité absolue, tantôt réduite au silence ne comptant plus que pour rien.

« Je parle, donc je suis ».
La parole qui s’énonce comporte une adresse qui répond en retour. Parler fait émerger du sujet et implique de reconnaître un autre à qui s’adresser.
Ne plus pouvoir questionner et ni prendre acte de ce que cela implique, amène au risque de la parole vide, d’un discours sans parole d’où le sujet s’absente.
La parole est un don et fait pacte. Elle engage celui qui la donne à celui qui la reçoit et qui entend son au-delà.
Ce n’est qu’à maintenir un espace suffisant entre l’un et l’autre, que leurs rapports ne seront pas rabattus sur un axe exclusivement imaginaire menant au meurtre de l’autre, sans recours devant l’énigme du désir de l’Autre. Ce n’est qu’en éprouvant la parole adressée au champ de l’Autre, que le sujet recevra son message sous forme inversée, au lieu d’un Autre qui n’existe pas. Conditions nécessaires à une parole pleine.

L’écoute du psychanalyste garantit à chacun d’être entendu (de) là où il parle. La parole, comme possible dire, bien qu’à se dérober de la vérité, donne à ces égards tout son sens au processus analytique qui se nourrit du questionnement.

De cette façon, je profite de ce passage en 2023 pour vous souhaiter une heureuse nouvelle année, riche en échanges, au sein d’Espace analytique de Belgique mais aussi partout ailleurs.

Anouk Lepage, Présidente d’EaB, Janvier 2023

 

Espace analytique Belgique
Rue des Etudiants, 24
1060 Bruxelles

Secrétaire: Didier Ledent
+ 32 (0)486 27 52 10

Trésorier: Didier Lestarquy
+32(0)474 99 14 05
Compte bancaire EaB:
IBAN :  BE70 1325 3290 6725
BIC :  BNAGBEBB