Janvier 2022. Le mot de la présidente

Ce début d’année est l’occasion pour moi de vous présenter mes meilleurs vœux pour l’année nouvelle.

A la moitié de ce mandat en tant que présidente d’Espace analytique de Belgique, je fais le constat d’une période profondément affectée par la crise de la pandémie du COVID-19. Nous pensions que ce ne serait qu’un passage, qu’une épidémie dont nous ne parlerions plus après quelques mois. Mais la réalité est tout autre. 

Cette pandémie marque un avant « Covid » qui se conjugue déjà au passé et un après dont nous ne connaissons pas encore les contours. Cet avant nous laisse un goût de nostalgie et l’après rappelle de façon plus criante l’incertitude du lendemain. Cet insaisissable de l’avenir prend la formulation d’un « Mais où allons-nous ? » qui est de toutes les conversations. Les décisions politiques impactent fortement le social qui est mis à mal. L’ambiance s’imprègne des discours du moment. Passé le choc de l’irruption du réel et après un temps de repli face au danger, commence la recherche du sens face à l’insensé. Mais qui donc est à l’origine du dysfonctionnement ? Voire même : qui est le coupable ?

La tentative de maîtrise du réel se manifeste par un contrôle exacerbé des foules. Mais cela continue d’échapper. 

Terrain propice au clivage : il y a les pour et les contre, les pros et les antis, il y a ceux qui se soumettent et ceux qui revendiquent, ceux qui en sont et ceux qui n’en sont pas. Dans ce duel, le miroir a pris la place de l’interlocuteur. Et l’autre devient celui à faire taire car il ne pense pas comme « nous ». Les identités se figent et chacun cherche à affirmer avec force son existence moïque. L’heure est à l’identitaire. Leurre identitaire.

De même, nos institutions analytiques connaissent le risque du clivage. L’histoire regorge d’expériences de ce type. 

Notre séminaire des membres interroge « En quoi sommes-nous lacaniens ? ». Il me paraît évident que l’accent ne porte ni sur le signifiant « être (sommes-nous) » ni sur le signifiant « lacanien », sinon à nous mener à des dérives imaginaires. L’identité n’existe que comme fiction. 

La question se loge donc bien dans le « en quoi ».

De cette façon, nous sommes interpellés sur le lien de causalité. Hors modèle d’identification, hors idéal théorique. S’il y avait un être de l’analyste, ce serait d’être sans modèle. Les textes théoriques, qu’ils soient freudiens, lacaniens ou autres, ne sont que des formulations d’un désir qui vise la cause du fait humain. Les signifiants sont le moyen d’en approcher.

« Mais où allons-nous » alors ? Qui pourrait le dire ?

Ni Dieu, ni Maître, ni Père. 

Nul ne le sait en effet ; hormis d’en dire que ça cause.

Anouk Lepage
Présidente EaB
Janvier 2022. 

 

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