Septembre 2019. Le mot du président

Les vacances, c’est fini !

Tant mieux diront certains, las d’avoir à s’occuper de quelques enfants peu disposés à se débrouiller seuls face au manque. Dommage, diront d’autres, avides, encore, d’expériences nouvelles et excitantes.

Dans les deux cas, la question du manque et du vide est centrale.

Qu’il est bien difficile aujourd’hui, dans notre temps, de rester à ne rien faire et éventuellement de s’ennuyer. Et pourtant, les impressionnistes de la fin du XIXeet du début du XXe  siècle (Renoir, Manet…) faisaient l’éloge du repos, les personnages faisant la sieste sous quelques platanes, et ce après un bon repas pris à la guinguette.

Faisons l’hypothèse qu’aujourd’hui, le manque et le vide se confondent. Mais en substituant le manque symbolique et de structure à un vide à remplir, le sujet contemporain fait fi de la question de la castration. N’est-ce pas ce dont témoigne notre clinique quotidienne ?

Car même si cette substitution est de tout temps, il faut bien constater que les symptômes se font aujourd’hui plus bruyants, extrêmes aussi, scarifications, auto-mutilations, tentatives de suicide, anorexie sévère, ou à l’inverse, l’inhibition amenant certains sujets à un total immobilisme.

Entendez-moi bien, je ne suis pas de ceux qui pensent que la structure de parlêtre de l’humain soit en passe de changer. Par contre, le symptôme, comme monstration, se fait, me semble-t-il, plus fréquent, situation somme toute logique dans un monde qui prône l’illimité de la jouissance.

Par ailleurs, nous constatons aussi que cela se combine souvent avec une récusation de la parole et du transfert.

Sans doute est-il plus simple, plus facile, de trouver quelque « thérapeute » permettant de renforcer la confiance en soi, autrement dit de renforcer le moi.

Nous retournons donc en arrière, niant l’apport de Freud et de Lacan, en en revenant à l’hypnose pré-freudienne et à l’ego-psychology tant décriée, à juste titre, par Lacan.

Nous ne pourrons sans doute pas aller bien loin en luttant à contre-courant, mais peut-être faut-il en revenir à une position plus humble quant au pouvoir de la psychanalyse tout en affirmant fermement la réalité de son action sur bien des sujets.

En quelque sorte, nous voici devenus, ou en passe de devenir, un petit village gaulois qui résiste à l’envahisseur, mais que je sache, l’histoire, se termine toujours bien et par un grand repas. Il faut dire qu’« il ne faut jamais parler sèchement à un Numide» petit exemple parmi mille autres, emprunté à l’œuvre d’Uderzo et Goscinny et qui témoigne de leur parfaite connaissance du jeu sur le signifiant.

En vous souhaitant une excellente année 2019-2020 au sein d’Espace analytique de Belgique et au plaisir de vous retrouver ce 21 septembre pour notre matinée d’ouverture de l’année avec Claude-Noële Pickmann.

Didier Ledent

Président

 

Espace analytique Belgique
Rue des Etudiants, 24
1060 Bruxelles

Secrétaire: Didier Ledent
+ 32 (0)486 27 52 10

Trésorier: Didier Lestarquy
+32(0)474 99 14 05
Compte bancaire EaB:
IBAN :  BE70 1325 3290 6725
BIC :  BNAGBEBB