Janvier 2019. Le mot du président

Cher(e)s collègues,

Nous voici arrivés à la fin de la saison des films de Noël qui ont bien rempli notre espace télévisuel, comme chaque année. Nous allons maintenant entamer, dans ce lendemain du jour de l’an, la saison des bêtisiers qui là aussi vont bien occuper nos soirées. A condition bien sûr de vouloir peindre notre monde en rose.

Car en effet, nous ne pouvons qu’espérer des jours meilleurs si nous nous référons aux nouvelles du monde relayées par tous nos médias. Entre catastrophes naturelles en Asie, explosion d’une bombe artisanale en Egypte, femmes décapitées au Maroc, tweets de Donald Trump, retour à l’obscurantisme de plusieurs pays européens, crise politique en Belgique, et incurie face aux phénomènes migratoires et climatiques, rien ne pousse vraiment à l’optimisme

Dans ce chaos, les psychanalystes brésiliens ont décidé de franchir un pas, politique : ils ont rendu public le désarroi, les angoisses et le traumatisme de leurs analysants homosexuels et féministes face aux menaces de mort ou de violences qu’ils ont reçues de leurs copains de lycée ou d’université, partisans du président d’extrême-droite Bolsonaro. Mais, on le sait, l’histoire l’a montré, l’élimination de la psychanalyse, si ce n’est des psychanalystes, fait partie des premières mesures que prend un régime totalitaire. Manifestement, l’éthique du bien-dire représente toujours une menace qu’il s’agisse de dictatures d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Cette éthique du bien-dire tout comme la régulation des jouissances rendent la psychanalyse fort mal adaptée à notre époque où prévaut « la dictature du bonheur » comme l’a démontré le livre de Marie-Claude Elie-Morin. Cette positivité à outrance qui caractérise notre temps cache cependant mal le malaise qui sans cesse s’accroit dans nos sociétés où l’inégalité sociale se creuse toujours davantage. Là aussi, l’histoire nous permet d’en connaître la suite, la rancœur mène toujours au choix des extrêmes, là aussi de droite comme de gauche.

Voici les défis qui seront les nôtres pour 2019 et pour les années qui viennent. Ces défis nous devront les relever aussi bien dans notre cabinet d’analyste, dans nos institutions quelles qu’elles soient comme dans notre vie de tous les jours. Et même si ce constat semble bien pessimiste, restons à l’affut des signes aussi minimes soient-ils d’une réaction de résistance ou d’opposition face aux temps qui arrivent au, « mal qui vient » pour paraphraser le titre du dernier livre de Pierre-Henri Castel.

Pour lutter, pour résister aux pires tentations, reste aussi l’art. En littérature, « My absolute Darling » de Gabriel Tallent, un livre fort, dur, mais essentiel de 2018. Et puis, actuellement, l’excellente exposition de la Fondation Boghossian à Bruxelles « Beyond Borders » ; au dernier trimestre 2019, la rétrospective Francis Bacon à Paris et puis le théâtre, la musique. Et encore, plus fondamental, il nous reste nos familles, l’amour et l’amitié. Oui, nous pouvons penser que dans cet univers obscur de petites loupiottes existent. Gageons qu’elles puissent éclairer le monde.

Dès lors, il n’y a pas lieu de déroger à la tradition de vous présenter mes meilleurs vœux pour l’année 2019, pour vous et votre famille.

Didier Ledent

 

 

Espace analytique Belgique
Rue des Etudiants, 24
1060 Bruxelles

Secrétaire: Didier Ledent
+ 32 (0)486 27 52 10

Trésorier: Didier Lestarquy
+32(0)474 99 14 05
Compte bancaire EaB:
IBAN :  BE70 1325 3290 6725
BIC :  BNAGBEBB