Institution
-
Régine DE BIOLLEY (2021)
Membre fondateur d’Espace analytique Belgique nous a quittés en ce début d’été.
Régine avait travaillé de longues années à La Ramée, s’était particulièrement investie dans les questions autour des pathologies alimentaires et des problématiques adolescentaires qui émaillent la vie des humains,… à tout âge.
Lors de notre travail de fondation d’Espace analytique Belgique, lors de nos diverses réunions, de nos multiples réflexions autour de la construction d’une institution analytique, elle nous fut précieuse, pour son humour, ses remarques parfois décalées et néanmoins subtiles, pour son écoute, pour son attention à l’autre.
Fine, sensible, rigoureuse, intelligente, Régine était aussi lucide sur elle-même et la condition humaine.
Elle arpentait la vie avec ouverture, curiosité, bienveillance… Et courage
Emportée par une embolie pulmonaire, elle est décédée le 17 juin 2021.
Nous présentons ici, à sa famille et à ses proches nos plus sincères condoléances.
Avec notre meilleur souvenir.
Vanessa Greindl
Pour Espace analytique Belgique
-
Contardo CALLIGARIS (2021)
Contardo Calligaris, notre vieux collègue et ami, est décédé ce 30 mars 2021. Il avait 72 ans. Un second cancer est venu à bout de son pourtant très puissant désir de vivre. Il était d’une grande intelligence et un infatigable voyageur. Parti d’Italie où il naquit en 1948, il étudia en Suisse avec Piaget, puis à Paris avec Roland Barthe. Il découvrit la psychanalyse et l’École freudienne de Lacan, avec lequel il fit un contrôle. Vint la dissolution de la dite École (1981). Il rejoignit alors les collègues lacaniens qui n’avaient pas voulu adhérer à L’École de la Cause, il fut et participa très activement à la création de l’éphémère Journal « Le discours psychanalytique » (1981) et du CERF (Centre d’études et de recherches freudiennes). Il en dirigea le premier numéro consacré à la psychanalyse dans la cité. Sortir la psychanalyse du cabinet et des petits cercles psychanalytiques fut un de ses soucis tout au long de sa vie. Ce furent nos premières rencontres. Il participa ensuite à la création de l’Association freudienne qui n‘était pas encore internationale. Il y organisa diverses journées d’études entre autres sur « Le discours de la liberté » et sur les « Glossolalies ». Il consacra deux ans de séminaire sur la féminité avec Martine Lerude. C’était un collègue inventif et rigoureux, passionné et d’une curiosité insatiable. Il parait qu’il aimait souligner lui-même que « Contardo » n’était pas loin de « contrario » : « Aller à contresens afin de trouver d’autres sens » (Alfredo Gil). C’est à cette époque qu’il publia deux livres. Le premier « Hypothèse sur le fantasme » date de 1983 et fut réédité en 2015. Le second, « Pour une clinique différentielle de psychose » paru en 1999. Partant de la schizophrénie, il contredit et prolonge créativement certains aspects de la théorie lacanienne. Plusieurs d’entre nous les relisent encore aujourd’hui. C’est à cette époque que nous l’avons invité plusieurs fois à Bruxelles pour nous parler non seulement de ses livres mais aussi de « l’écriture comme acte » et de « Ce qu’on est en droit d’attendre d’une psychanalyse ». Il avait l’art de rendre la psychanalyse accessible à un large public sans pour autant verser dans une vulgarisation insipide. C’était des rencontres toujours très vitalisantes. Car il était un collègue dynamique, hyperdoué mais sans mépris pour l’autre, travailleur aussi mais toujours souriant, mélangeant, avec brio, vie amicale et collégiale. Il incarna pour nous celui qui ne cède pas sur son désir tout en tenant compte du désir de l’autre. Était-ce parce que le champ analytique français était pour lui trop étroit, ou trop encombré ? Quoi qu’il en soit, il décida à notre très grand regret, de partir vivre à Boston et enseigner l’anthropologie à New York. Par ailleurs, ses livres étant traduits au Brésil, il alla les y présenter et le voilà installé à Porto Allègre, parlant aussi bien le brésilien qu’il ne parlait le français sans trace de sa langue maternelle. En 1989, il y fonda avec quelques autres brésiliens l’association psychanalytique de Porto Allègre dont il devint le premier président. Un grand journal de Sao Paolo, lui demanda une chronique hebdomadaire. Il en écrivit plusieurs milliers, publiées aujourd’hui sous forme de trois livres. Il n’hésitait à dire ce qu’il pensait, notamment qu’au Brésil « l’idée du bien commun était la chose la plus dérisoire » et qu’en ville, il avait toujours « la crainte de se faire braquer ». Ce qui ne nous étonne pas : un soir que nous dînions chez lui, à Paris, il nous avait surpris par sa fascination toute déclarée pour cette société où la loi de la jungle l’emportait souvent sur celle des législateurs. Un jour, un groupe de psychanalystes de Sao Paulo l’invita à le rejoindre. Il finit par s’y installer. Voyageur infatigable, il enseigna aussi au Chili et chaque mois retrouvait son Italie natale. Au Brésil, il poursuivit sa carrière universitaire, publia plusieurs romans sur l’amour et notamment
« Conto do Amor » qu’il présente comme semi autobiographique. Toujours soucieux de faire connaitre la psychanalyse au grand public, il créa, avec son fils Max, une série télévisée intitulée « Psi » qui compta quatre saisons. Tout ceci en publiant plusieurs livres de psychanalyse qui ne sont malheureusement pas (pas encore ?) traduits en français.
Patrick De Neuter et Nicole Stryckman Avril 2021
-
Raymond ARON (2021)
Raymond Aron, est décédé à l’âge de 86 ans. Membre fondateur du Questionnement psychanalytique, il explique l’histoire de ce dernier dans un article « Le questionnement psychanalytique : à l’épreuve de son histoire ». Il y reprend les moments cruciaux du mouvement lacanien en Belgique. Dans cet article, dépassant la description des faits, il témoigne de son souci de l’éthique analytique, de sa recherche d’un fonctionnement institutionnel cohérent avec les visées de la cure, du refus du Maître et d’une cure de formation menée suffisamment loin. Raymond est aussi l’auteur de deux livres. Le premier intitulé « Jouir entre ciel et terre, les mystiques dans l’œuvre de Lacan ». Dans le second, intitulé « Trace du désir et proximité de l’abîme », il pose la question de savoir comment atteindre une formes jouissance sans s’y perdre. Raymond fut un collègue à la fois respectueux et rigoureux et un ami souriant et bienveillant qui restera longtemps encore dans nos mémoires.
Nicole Stryckman et Patrick De Neuter Avril 2021
-
Moustafa SAFOUAN (2020) (A. Lepage)

Il n'a eu de cesse d'écrire tout au long de sa vie. Par ses nombreux écrits, il nous a transmis l’exigence de la clinique et la clarté de la théorie. Il avait soutenu Espace analytique Belgique dès sa création, en acceptant d’être un de nos membres d’honneur. L’homme s’est éclipsé, ses écrits vont nous rester.
C’est le 8 novembre que la mort nous a enlevé Moustapha Safouan dans son sommeil. Il avait 99 ans. Né à Alexandrie dans une famille de militants communistes dont le père était un amoureux de la langue et des jeux avec la langue, le jeune Moustapha s’engagea dans l’étude de la philosophie tout en s’efforçant d’apprendre le latin, le grec, le français, l’anglais et l’arabe classique. Découvrant l’œuvre de Freud, il décida de se rendre en France pour se former à la psychanalyse. Il fit son analyse avec Marc Schlumberger de la Société psychanalytique de Paris, puis il s’engagea dans un contrôle avec Lacan dont il devint un des plus fidèles élèves. Il participa largement à la diffusion de l’enseignement de Lacan par ses nombreuses publications (une quinzaine de livres et de très nombreux articles de revues et chapitres de livres collectifs). À cheval sur plusieurs langues et plusieurs cultures, il le fut aussi sur plusieurs lieux par le partage de son temps de clinique, de contrôle et d’enseignement entre Paris, Strasbourg et Marseille, sans compter ses séjours sur sa terre natale. Dans l’École freudienne de Paris, il occupa diverses fonctions importantes : il fut ainsi membre du jury d’agrément, statuant en fin de procédure de la passe, procédure dont il a pu percevoir les impasses. De ses premières publications, je retiendrai ici « Le Structuralisme en psychanalyse » in Qu'est-ce que le structuralisme ? Paris, Seuil, 1973 ; Études sur l'Œdipe ‒ Introduction à une théorie du sujet, Paris, Seuil, 1974 ; La sexualité féminine dans la doctrine freudienne, Paris, Seuil, 1976 ; L'Échec du principe du plaisir, Paris, Seuil, 1979 ; et L'Inconscient et son scribe, Paris, Seuil, 1982. Plus tard, il se risqua à publier Pourquoi le monde arabe n’est pas libre : politique de l’écriture et terrorisme religieux, (traduit de l’anglais par Catherine et Alain Vanier), Paris, Denoël, 2008. Il se distingua aussi en traduisant en arabe L’interprétation des rêves (1959), La phénoménologie de l’esprit (1981) et Othello (1998)[1].
Plusieurs Belges de diverses associations s’engagèrent dans un travail avec lui : lecture approfondie de ses livres, rendez-vous de contrôle à Paris et invitations pour conférences-débats à Bruxelles. En 2002, lors de la fondation de notre Espace analytique Belgique, nous lui avons demandé d’en devenir membre d’honneur, ce qu’il accepta non sans un questionnement où se mêlaient humour et ironie sur cet honneur. Il accepta aussi de contribuer à un numéro sur l’Amour de la revue les Cahiers de psychologie clinique[2] et d’assumer un de nos samedis de Bruxelles ; c’était le 26 avril 2014 sur « l’historique. et la clinique de l’objet « a ». Entretemps, les rencontres se poursuivaient tantôt à Paris lors des journées d’étude organisées par nos collègues d’Espace analytique-France, tantôt lors des congrès de la Fondation européenne de psychanalyse qu’il avait fondée en 1991 avec Claude Dumezil , Charles Melman et Gérard Pommier. Entre autres, à Barcelone, Berlin, Dublin, Rome, Paris, et dans son village refuge de Mazara del Vallo (Sicile). Notre dernière rencontre bruxelloise date du 29 mars 2014. Au cours de cette journée organisée avec deux associations amies, nous l’avons questionné sur les différents chapitres de son livre : La psychanalyse, science, thérapie et cause (éd. Th. Marchaisse, 2013) dans lequel, mémoire vivante du champ freudien, Moustapha Safouan présente tout d’abord une histoire du mouvement freudien où il est question de Rank, de Ferenczi, du comité secret, des effets thérapeutiques de l’analyse et de l’idée indéfendable de la transmission comme fatalement familiale. Il aborde ensuite les éléments fondamentaux de la psychanalyse lacanienne, comme le signifiant et le signifié, le phallus, l’Œdipe, le Nom-du-père et les sexuations masculines et féminines, et, enfin, la jouissance supplémentaire. Dans sa troisième partie, il évoque la « saga » lacanienne. Il aborde sans ménagement les impasses de l’École freudienne de Paris et celles de l’expérience de la passe. Il précise aussi ce qu’il considère être les causes de ces difficultés et impasses, témoignage très précieux pour celles et ceux qui veulent éviter que leur institution se fourvoie dans ces mêmes difficultés et échecs de la transmission. Ce ne fut pas sa dernière publication ni son dernier séminaire. Il était aussi infatigable intellectuellement que physiquement. C’est ainsi qu’il gravissait sans difficulté les escaliers qui le menaient au septième étage d’un immeuble parisien où nous attendait un couple d’amis. C’est ainsi aussi qu’il poursuivait depuis plusieurs années un séminaire à Espace analytique-France, dont il était devenu Membre d’honneur. Parallèlement, il participait à de nombreux revues et ouvrages ‒ entre autres : « Actualité du complexe d’Œdipe » in Actualité de la psychanalyse (Érès, 2014) ou encore « Misère névrotique et misère ordinaire » in Les entretiens préliminaires à une psychanalyse (Érès, 2016). Bien plus, il publiait ses derniers livres : La civilisation post-œdipienne, Paris, Hermann, 2018 et L’inconscient à demi-mot, avec Sylvain Frérot, Paris, Éditions des Crépuscules, 2020.
Il nous a quittés, mais ses nombreux écrits restent disponibles à ceux qui le souhaitent, ainsi que ses multiples interviews audio et vidéo sur la toile.
Patrick De Neuter, Analyste Membre d‘Espace analytique-France et co-fondateur d’Espace analytique Belgique
[1] Une bibliographie complète se trouve sur le site de l’École psychanalytique de St Anne. https://www.epsaweb.fr/moustapha-safouan-1921-2020/
[2] N’ayant pas pu être prise en compte pour des raisons techniques, cet article est paru sous le titre « Amour et altérité » in Cliniques méditerranéennes, 2004/1, 69, pp. 13-19.
-
Hommage à Lina Balestrière (2014)
Lina s’en est allée ce 17 janvier 2014 sans crier gare. Gare à ce moment où nous ne pourrions plus l’entendre, plus la rencontrer, plus partager la vie avec elle. Bien sûr nous n’étions pas, collègues et amis, sans savoir qu’elle menait depuis deux ans une lutte acharnée contre des cellules « tueuses ». Mais, c’est à l’orée d’une nouvelle étape de lutte que la mort nous l’a raptée.
Lina c’était d’abord la musicalité d’une voix aux tonalités si chantantes qu’avant même de découvrir la femme qu’elle était, nous étions transportés immédiatement vers le paradis d’Ischia, île de beauté de la baie de Naples qui a inspiré tant d’artistes. C’était aussi un sourire, intense, irradiant, qui invitait à la vie au-delà de ses tourments et ses épreuves. Nous ne pouvions qu’être séduits par son élégance rare, distinguée, raffinée si d’aventure nous croisions son chemin. Ces derniers mois, elle portait le jaune éclatant avec un port majestueux.
Mais, si nous avions la chance de croiser de temps à autre son chemin, c’est alors et avant tout une grande dame de la psychanalyse belge que nous découvrions, proche de Joyce McDougall, de Nathalie Zaltzman, de Jacques André et bien d’autre. Passionnée par La question des origines dans la pensée freudienne, elle en fit une thèse et, plus tard, un livre qui fut réédité plusieurs fois. De plus, sa passion irradiait sur ceux qu’elle rencontrait, les mettant eux aussi au travail dans son sillage. Deux nouveaux ouvrages ont ponctué ces aventures passionnées, Défis de Parole, et Au plus près de l’expérience psychotique. Elle nous entrainait encore, et toujours, à penser les questions métapsychologiques infinies que pose la psychanalyse. Son désir de transmettre l’amenait aussi à s’engager pleinement dans différentes institutions qu’elle avait co-fondées ou investies. L’école belge de psychanalyse, Le chien vert, le Cfcp, l’Apsy, l’Apppsy. En 2008 avec trois autres collègues, elle s’engagea dans la voie du dialogue entre freudiens et lacaniens. Naquit alors de ce travail précieux le livre Ce qui est opérant dans la cure, qui reçut le prix Oedipe.
La perte soudaine de Lina dévoile notre impuissance radicale devant l’arrêt brutal imposé par sa disparition. A n’en pas douter pourtant, Lina nous accompagnera encore longtemps, nous habitant de son sourire, de sa voix, de ses signifiants insistants lorsqu’elle parlait de clinique : déployer, surprise. Subsistera en nous la force du désir de travail qu’elle nous a transmise y compris pour nous aider à faire face à l’implacable déraison que la mort nous impose.
Espace analytique Belgique présente à son compagnon, ses enfants, sa famille ses plus sincères condoléances.
Danielle Bastien, vice-présidente d’Espace analytique Belgique
Le 22 janvier 2014
-
Hommage à Elisabeth d’Alcantara (2013)
Elisabeth d’Alcantara (née Czarnocki) a rejoint en septembre 2010 le petit groupe d’analystes qui se réunissait pour penser l’éventuelle création d’un Espace analytique Belgique. Elle avait été sensible au dynamisme conjoint au souci de rigueur hors dogmatisme qui se dégageait du projet. Hélas, la maladie s’est déclarée et elle dut rapidement restreindre sa participation à nos activités. Elle avait néanmoins conservé le groupe d’intervision transassociatif qui réunissait des participants d’Espace analytique et de l’Ecole belge de psychanalyse aux travaux de laquelle elle avait participé depuis plus de 20 ans. Ses différents collègues analystes ont été frappés par son écoute de l’autre, son désir de travail, son intérêt pour la clinique (spécialement pour les questions transférentielles) et par son ouverture aux références diverses.
Parallèlement à son activité de psychanalyste en libéral, elle était pleinement engagée depuis 1979, dans le travail en Service de Santé mentale plus précisément au « Safran » ex-centre de Guidance de Braine l’Alleud. Sa clinique, toujours orientée avec enthousiasme et fermeté par la psychanalyse y fut variée et créative. Elle tint tout particulièrement à son engagement dans la clinique avec les tout petits et leurs parents dans le projet spécifique du "Gerseau", mis en place par le service, dans ses dernières années de pratique. Sa présence dans l'équipe laissera le souvenir d'une collègue dont les réflexions étaient toujours animées par la vivacité et l'humour vigoureux qui la caractérisaient. Elisabeth, par son aisance dans les contacts et aussi son désir d'apprendre fut, avec d'autres, à l'initiative de rencontres avec différentes personnalités du monde de la psychanalyse invitées au fil des activités et anniversaires du Centre. Il y a un an à peine, toute l'équipe du Centre rendait hommage en sa présence, à sa longue carrière à Braine l'Alleud.
Enfin, remarquée pour ses diverses qualités et compétences, les responsables de la Formation aux Cliniques analytiques avec les enfants s’assurèrent de son concours il y a quelque 5 ans. Elle y tint pendant trois ans un séminaire sur la clinique analytique avec les tout-petits.
C’est de son inaltérable désir de vivre, de sa rigueur sans rigorisme, de son ouverture aux autres et de son respect de la différence que nous nous souviendrons.
Espace analytique présente à son mari, ses enfants et petits-enfants leurs très sincères condoléances.
Patrick De Neuter, le 23 juin 2013
-
Hommage à Jean-Bertrand Pontalis (2013)
Psychanalyste, philosophe et écrivain, Jean-Bertrand Pontalis est décédé ce 15 janvier 2013 à l'âge de 89 ans. Membre titulaire de l’Association psychanalytique de France, nos collègues d’Espace-France devaient le recevoir ce 2 février dans le cadre de ses Salons de lecture à propos de son dernier livre « Freud et les écrivains » (en coll. avec E. Gomez-Mango).
Certains l'ont dit « paresseux contrarié ». Mais, si nous considérons sa bibliographie psychanalytique dont le toujours très précieux Vocabulaire de la psychanalyse - co-écrit avec J. Laplanche - qui accompagna les premiers pas de nombreux psychanalystes, ses fonctions d’éditeurs de la géniale Nouvelle revue de psychanalyse, sa direction de la nouvelle traduction de Freud et sa collection chez Gallimard Connaissance de l’inconscient, nous aurions envie de le décrire alors comme étant un « paresseux très contrarié ». Ajoutons, à son œuvre psychanalytique, une vingtaine d´ouvrages littéraires, reconnus dans le milieu de la littérature - lauréat du grand prix de littérature en 2011 - et très appréciée dans nos milieux psychanalytiques.
Analysant de Lacan, il prendra toutefois ses distances avec lui, s’en expliquant sans agressivité ni acrimonie. Opposé à toute dogmatisme, sectarisme et aliénation, ses écrits, éclairant pour tous, témoignèrent essentiellement d’un abord personnel de la psychanalyse. Soulignons encore que cette vie de travail était soutenue par de nombreuses rencontres d’un autre ordre : E. Piaf, J. d’Ormeson, J.P. Sartre, M. Merleau-Ponty, T. Foujita, E. Roudinesco, D. Pennac, C. Roy, J.P. Vernant, J. Drillon et bien d’autres. L’amitié était un bien très précieux pour lui. Aussi, nous ne résistons pas à la tentation de reprendre à J. Garcin, sa description de ce psychanalyste-écrivain hors du commun : « Sentinelle des rêves, philosophe mélancolique, géographe de l'incertain, écrivain de l'entre-deux, toujours à errer entre la nuit et le jour, le sommeil et l'éveil, le silence et la parole, l'enfance et l'âge adulte, le rêve et la douleur, la psychanalyse et la littérature, Freud et Flaubert, les deux rives de la Seine ».
Espace analytique Belgique présente à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.
PS : Ceux et celles qui voudraient non seulement le lire mais aussi l’entendre peuvent consulter ses interviews sur France culture, son témoignage dans le film sur Lacan d’Elisabeth Kapnist « La psychanalyse réinventée » et enfin ses deux longues et intéressantes interviews enregistrées par D. Friedman en réponse à la question « Qu’est-ce qu’être psychanalyste »
Collection de DVD « Etre Psy ». DVD n° 10 Jean-Bertrand Pontalis. Interview par Daniel Friedmann. Editions Montparnasse. http://videotheque.cnrs.fr
-
Hommage à CLAUDE BOUKOBZA (2012)
Claude Boukobza est morte le lundi 4 juin 2012. Elle a dirigé à plusieurs reprises cette revue et participé au comité de rédaction depuis sa création, mais cela ne suffit pas pour dire l’importance de sa place dans la qualité et le succès de cette publication. C’est aussi une collègue et une amie très proche qui nous quitte, avec qui nous n’avons cessé de partager les heurs, les bonheurs mais aussi les moments plus difficiles de la vie de la communauté analytique, en particulier, les aventures institutionnelles initiées par Maud et Octave Mannoni. Comme nous tous, elle avait bénéficié de cette liberté incroyable qu’ils rendaient possible pour ceux qui les accompagnaient. Ils ne voulaient pas d’élèves mais une transmission dans un « compagnonnage ».
Claude avait travaillé pendant les années 1970 au Centre Étienne-Marcel et fit partie, au début des années 1980, de l’aventure que fut la création du premier intersecteur de pédopsychiatrie de la Seine Saint-Denis, avec le Dr. Coen. Dans ce cadre, elle anima l’Unité d’Accueil Mère-Enfant de Saint-Denis, expérience à partir de laquelle elle publia de nombreux articles. Dans tous ces lieux institutionnels, Claude occupa un rôle de premier plan : responsable de l’UAME, membre de presque tous les bureaux du CFRP, puis d’Espace Analytique dont elle fut la présidente, directrice de cette revue Figures de la psychanalyse, etc.
Mais, avant tout, il y avait Claude Boukobza la psychanalyste. Claude avait fait des études de philosophie mais elle s’était rapidement engagée avec la passion et la détermination qu’on lui connaissait dans la psychanalyse. Analysante de Maud Mannoni, contrôlée de Françoise Dolto, elle a poursuivi la trajectoire de ses deux aînées en n’écartant jamais les questions sociales et politiques, surtout en institution, quand il s’agit de travailler avec des enfants et leurs parents qui sont, comme à Saint-Denis, dans une grande précarité psychique et matérielle. À Dolto et Mannoni, il faut associer Lacan et Winnicott qui lui servirent aussi de repères. À partir de Winnicott, elle développa une pratique institutionnelle : le holding du holding de la mère, de ces mères en détresse qui étaient accueillies à l’UAME. Repoussant les préjugés souvent tenaces de la communauté analytique, elle s’intéressa aussi à Anna Freud, à son approche des questions institutionnelles éducatives. Elle y trouvait matière à penser. Mais, surtout, elle soutint ce qu’on peut appeler l’école française de psychanalyse avec les enfants, qui implique un travail avec les parents et le souci de leur relation avec l’enfant. Ainsi le holding du holding maternel n’excluait pas, bien au contraire, la fonction tierce de l’institution qu’elle a aussi nettement développée.
Il faudrait parler des nombreux articles qu’elle a écrits, des multiples communications qu’elle est allée donner ici et là de par le monde, des ouvrages qu’elle a dirigés, etc.
Mais c’est aussi et surtout pour le groupe qui anime cette revue, la perte d’une amie dont la loyauté et la fiabilité étaient sans faille. Son courage et sa dignité ces derniers mois, alors que la maladie gagnait, étaient impressionnants ; jusqu’au dernier moment elle n’a jamais rien cédé sur tous ses engagements. Elle demeurera pour nous un exemple. Son désir infatigable soutiendra encore et pendant longtemps l’engagement de notre revue.
Catherine et Alain Vanier
-
Hommages à Roland Geeraert (2012)
Le mercredi 08 février 2012, Roland Geeraert est décédé à Bruxelles à l’âge de 62 ans des suites d’une crise cardiaque.
Roland, psychanalyste reconnu parmi ses pairs, a débuté sa formation à l’Ecole Belge de Psychanalyse. Toutefois, la référence lacanienne deviendra pour lui une référence incontournable quant à sa pratique d’analyste. Dans le climat ambiant de l’après dissolution de l’École Freudienne de Paris fondée par Lacan, il participe aux Rencontres freudiennes et à la création d’un petit groupe dénommé Mésalliance et ensuite Association des cartels freudiens. En 1982, avec quelques analystes belges, il fonde l’Association Freudienne de Belgique. Pourtant, fin 2009, il décide de quitter cette dernière, n’y trouvant plus l’institution analytique qu’il appelait de ses vœux. Il inscrit alors son travail à Espace analytique France et puis, en 2011, sous l’impulsion de quelques uns, il participe activement à la création d’Espace analytique Belgique où il occupait le poste de secrétaire de la commission accueil et admission. La présence de Roland au sein d’Espace analytique Belgique se manifestait tout autant par son humour, son ironie, ses remarques caustiques que par sa rigueur et ses mises en garde quant il avait le sentiment que nous nous égarions. Mise en garde que jamais il n’affirmait comme un maître aurait pu le faire mais plutôt comme un compagnon de route toujours prêt à se remettre en question.
Homme de dialogues et de rencontres, Roland avait accepté depuis de nombreuses années d’occuper la place de co-responsable du département adulte du service de santé mentale Chapelle-aux-champs où il consultait. Par ailleurs, formateur au Centre de Formation à la Clinique psychanalytique, de nombreux jeunes psychologues lui doivent leur ouverture à l’enseignement de Lacan tant son désir de transmission était important.
Enfin, comment ne pas évoquer cet autre thème essentiel pour lui dans sa pratique clinique et sa réflexion : ce lien indéfectible entre la psychiatrie et la psychanalyse. En effet, il consacrait une partie importante de son travail au sein du Service de psychiatrie des Cliniques Europe Saint-Michel.
Pour certains, Roland était devenu non seulement un collègue mais aussi un véritable ami. Il nous a considérablement apporté tant par son ouverture que par sa vivacité, sa disposition à créer des liens, son habileté à « penser tout haut » comme il le rappelait récemment encore lors d'une journée d'étude il y a quelques dix jours.
Aujourd’hui, les membres d’Espace analytique Belgique s'associent à sa famille en leur présentant leurs sincères condoléances.
Pour Espace analytique Belgique
Cédric Levaque, Président
Lettre d’un Collègue et vieil ami, par Patrick De Neuter
Bien Cher Roland,
Cela fait un fameux bail que nous nous sommes rencontrés toi et moi. T’en souviens-tu : Tu t’étais inscrit au premier séminaire que j’assumais en tant qu’assistant à l’université. Habité par mes angoisses de débutant, j’avais apprécié ton attention particulière, la vivacité de ton regard et la qualité de ton travail de fin de séminaire.
Quelques années plus tard nous nous retrouvions cliniciens au Centre Chapelle aux Champs. Rapidement nous avons noué des liens d’amitiés partagés avec nos épouses: W.E. à la campagne, soirées d’anniversaire, naissance des enfants : le plaisir était grand de se retrouver hors de nos lieux de travail. Ces lieux de travail en commun furent nombreux. Sans doute parce que plusieurs passions nous réunissaient. Notamment celle qui t’habitait pour la psychanalyse en tant qu’expérience de recherche d’un remède aux malêtres et malaises auxquels la vie nous confronte inévitablement et en tant que tentative de sortir des répétitions mortifères. Et ce ne fut pas seulement une expérience que tu voulais offrir aux autres : tu t’y es toi-même plusieurs fois engagé dans les moments difficiles de ta vie.
La transmission de cette expérience fut un souci qui te poursuivit tout au long de ton trajet professionnel. Tu participas ainsi à la création du groupe d’étude des psychoses, du Centre de formation aux cliniques psychanalytiques, de l’Association des cartels freudiens, de l’Association freudienne de Belgique et, hier, d’Espace analytique Belgique. Dans cet Espace, tu assumais la responsabilité de la commission chargée de l’accueil, l’admission et la transmission. Cette responsabilité t’allait comme un gant. En effet depuis longtemps tu avais été un maître de stage, un superviseur et un contrôleur avertis et estimé d’un grand nombre. Non Roland, ne fais pas le modeste. Ce n’est pas moi seulement qui le dis : de multiples mails reçus depuis l’annonce de ton décès le confirment. Nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui ont trouvé auprès de toi, je les cite, « un accueil chaleureux, une attention très particulière, une présence paternelle bienveillante et soutenante dans les passages difficiles, voire les impasses inextricables de la clinique ». Nombreux sont ceux aussi qui furent frappés par ton exceptionnel sens clinique tandis que pour plusieurs tu fus « un incitateur à la prise de parole et à l’organisation de nouveaux espaces de transmission », « un dynamiseur du désir de travail". Les plus jeunes dans le métier ont aussi apprécié ton style accessible et néanmoins rigoureux et surtout cette façon que tu avais de transmettre l’art de la psychanalyse. Avec ton humour et avec tes remarques toujours précises et un peu décalées, tu faisais entendre quelque chose de ce qu’est l’analyse, loin des figures du maître et des savoirs d’une cause. Autrement dit encore, sans dogmatisme et avec un profond intérêt pour les nouvelles façons d’entrevoir et de concevoir la clinique.
Tes départs de plusieurs institutions analytiques pourraient être perçus comme le signe d’une certaine inconstance. J’y vois pour ma part, au contraire, une persévérance de ton souci d’inscrire ton travail dans un lieu qui permette une liberté de penser et de parler, un lieu où, comme tu l’écrivis un jour, « l’affiliation n’est pas allégeance », un lieu où se partage le souci « d’une lecture critique des œuvres fondatrices de Freud comme de Lacan » et, t’en souviens-tu, tu soulignais « critique » tandis que tu invitais les destinataires de ta lettre à relire « La servitude volontaire » d’Etienne de la Boétie.
Soit dit en passant, ce n’est pas le seul auteur non-analyste que tu m’as invité à découvrir ou à redécouvrir. Car tu étais un grand lecteur dans le champ et hors du champ de la psychanalyse et tu nous faisais régulièrement bénéficier de ces ouvertures.
Certaines de tes absences ont pu paraître un désinvestissement institutionnel. Elles étaient au contraire un retrait volontaire et discret (trop discret à mon goût) du groupe lorsqu’il ne correspondait plus à ta conception de la psychanalyse. Et comme tu n’étais pas un révolutionnaire, tu préférais quitter sur la pointe des pieds plutôt que de te lancer dans d’âpres polémiques. Sur la pointe des pieds, comme tu nous as quitté mercredi dernier, certes très brusquement mais en quelque sorte, à nouveau, sans faire de bruit.
Cela étant, il y avait aussi ta santé qu’il fallait à tout prix protéger depuis ton accroc de 2007, suite auquel tu t’es trouvé dans l’obligation de réaménager ton style de vie et d’alléger ton travail. Mais tu nous étais revenu depuis quelques mois plein d’allant et de confiance dans la vie : seulement une sourde inquiétude dont tu parlais peu. Tes médecins t’avaient mis en garde : le risque d’accidents vasculaires restait bien présent.
Une autre caractéristique se dégage de ce retour en arrière sur ces années d’amitié fidèle et de travail en commun : ton désir d’inventer et de créer. Tu le soulignais déjà dans un texte ancien sur la transmission de la psychanalyse : celle-ci, écrivais-tu, ne se fait pas dans la répétition mais dans la réinvention. Et cette option pour la réinvention tu l’as mise en pratique non seulement dans le privé de ton cabinet mais aussi dans le public des institutions. J’ai évoqué en début de lettre ces divers lieux que tu as contribué à créer
Sache que tu vas donc beaucoup nous manquer. Ou plutôt, que tu nous manques déjà énormément, extrêmement, «sacrément», comme me l’ont écrit certaines et certains.
Voilà, bien cher Roland, ce que nous voulions te dire en guise d’adieu.
Et il te plaira, je pense, que je termine en faisant part à tes collègues, amis, enfants et maman d’une de ces croyances qui nous sont communes.
Il y a des manques qui, bien que très douloureux, peuvent se muer en forces nouvelles
Il y a des pertes qui, même cruelles, peuvent être l’occasion de nouveau départ
Il y a des vides qui ne sont pas des gouffres dans lesquels on s’anéantit, mais qui, peuvent devenir mine de matériaux précieux et sources de nouvelles énergies
À condition qu’on ne comble pas ce vide par les artifices de l’oubli mais
Qu’on les borde par le souvenir des défunts
À condition aussi que les survivants se serrent les coudes
Qu’ils s’accordent et s’encordent solidairement pour les explorer avec précautions
À condition enfin qu’ils se nourrissent des valeurs qui étaient chères au disparu
C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous
En mémoire de toi
Ton collège et vieil ami, Patrick
-
Hommage à Joyce Mc Dougall (2011)
Ce 24 aout 2011, Joyce Mc Dougall est décédée à Londres à l’âge de 91 ans. Les membres d’Espace analytique Belgique s'associent à la perte de sa famille et de ses proches.
Si Joyce Mc Dougall, psychanalyste internationalement reconnue, débute sa formation à Londres, c’est toutefois dès 1953, dans le climat ambiant des conflits qui allaient donner lieu à la première scission, qu’elle arrive à Paris. Même si elle participe au séminaire de J. Lacan, elle choisira d’inscrire son travail au sein de la Société psychanalytique de Paris où elle deviendra membre Titulaire formateur et ensuite, membre d'Honneur.
Joyce Mc Dougall publiera de nombreux ouvrages dont notamment « Plaidoyer pour une certaine anormalité » (1978), « Théâtre du Je » (1982), « Théâtre du corps » (1989), et « Eros aux mille et un visages » (1992).
Dans chacun de ces écrits, l’expérience clinique de l’auteur est au rendez-vous. La qualité et le style de Joyce Mc Dougall permettent de nous dévoiler le cheminement d’une pensée avec ses doutes, ses difficultés, ses incompréhensions mais aussi et surtout sa finesse et son habileté clinique.
Son œuvre, que nous pourrions qualifier de « psychanalyse vivante », est, entre autre, une des tentatives les plus probantes pour théoriser les différentes problématiques addictives. Dans la perspective dynamique et économique qu’elle développe au fil de ses écrits, Joyce Mc Dougall place l’économie de l’affect au centre des problématiques addictives en développant notamment le concept de désaffectation. Ce concept renvoie au fait que le sujet est incapable de reconnaître son expérience émotionnelle. Les affects et les idées qui leurs sont associées sont simplement rejetés, désavouées par la conscience. Cette désaffectation est, selon elle, un processus dont le sujet est inconscient.
Joyce Mc Dougall accorde également une importance particulière à la relation contre-transférentielle et transférentielle dans les cures de personnes dépendantes. Là où l’analyste peut se sentir menacé dans son identité même d’analyste en étant comme paralysé dans sa fonction de pensée, en difficulté de concentration, irrité, voire découragé dans son travail, etc., Joyce Mc Dougall indique que nous sommes, à ce moment là, au cœur de ce qu’il y a à capter de l’adresse de notre patient. L’analyste est en fait d’avantage affecté par des signes sensori-moteurs que par le discours de son patient. Le transfert est donc ici tout à fait différent de celui que nous pourrions rencontrer dans la névrose ou dans la psychose. Il s’agit d’un « transfert fondamental sur la base de la communication primitive ».
De nombreux autres sujets intéressaient également Joyce Mc Dougall dont notamment la clinique psychosomatique et la bisexualité. Mais, au-delà de ces différentes thématiques, elle est principalement à l'origine du concept de normopathie. Concept qui problématise la tendance conformiste qui se manifeste dans le comportement humain et son rapport à la santé psychique.
Pour les membres d’Espace analytique Belgique
Cédric Levaque, Président.
-
Hommage à Pierre Bastin (2010)
Ce mois d’octobre, le Dr. Pierre Bastin est décédé à Lille, entouré de son épouse et de ses enfants et petits-enfants. Analysant de Lacan, il fut membre de l’ex-Ecole freudienne de Paris, fondée par Jaques Lacan. En 1975,1976, 1977, il vint pendant deux ans à Bruxelles assurer avec Elie Doumit un séminaire mensuel d’introduction à Lacan dans le cadre des activités de Formation du Centre Chapelle aux Champs de l’Université de Louvain. Plus tard, il a participé à certaines réunions du Groupe d’étude des psychoses, premier GEP du Centre Chapelle-aux-Champs. Après la dissolution de l’École freudienne de Paris, Pierre Bastin rejoint les Cartels Constitutants puis l’Association freudienne internationale (aujourd’hui Association lacanienne internationale) mais la quitta bientôt, n’y trouvant pas l’institution analytique qu’il appelait de ses vœux. Depuis lors il avait renoncé à tout insertion institutionnelle. Plusieurs belges lui doivent leur ouverture à l’enseignement de Lacan. Pour certains, il était devenu non seulement un collègue mais ce que l’on peut appeler un véritable ami. Nous lui en sommes très reconnaissants et présentons nos très sincères condoléances à son épouse et à ses enfants.
Nicole Stryckman, Patrick De Neuter et Roland Geeraert
-
Hommage à Zoltan Veress (2010)
Notre collègue Zoltan Veress nous a quittés ce 13 décembre, sereinement, entouré des siens, après une longue maladie contre laquelle il a lutté avec un remarquable courage. Né en Hongrie en 1932, il rejoignit la Belgique pour échapper à la répression de l’insurrection de Budapest de 1956. Il fut d’abord pour nous un collègue à l’École Belge de psychanalyse. Progressivement, il devint l’ami Zoltan.
Nous l’avons depuis toujours connu très soucieux d’une clinique psychanalytique d’orientation lacanienne, mais néanmoins accessible aux moins fortunés et effectivement désaliénante. Il tenait beaucoup à ce que l’institution analytique soit autant que possible démocratique et le rapport à la théorie tout sauf dogmatique. C’est peu dire qu’il avait beaucoup de sympathie pour son compatriote Sandor Ferenczi dont il était un lecteur assidu. Ces convictions, que nous partagions avec lui, nous ont conduits à créer avec une douzaine d’autres collègues les « Cartels freudiens » rebaptisés deux ans plus tard « Mésalliances », premier signifiant freudien pour désigner le transfert. Néanmoins, nos chemins analytiques se séparèrent lorsque nous nous engageâmes dans la création de l’Association freudienne à Paris d’abord à Bruxelles ensuite. Il craignait que cette Association n’aille tôt ou tard à l’encontre de ces valeurs qu’il défendait depuis longtemps : la répartition démocratique du pouvoir, la désaliénation des sujets, le rapport irrévérencieux aux maîtres et non dogmatique à la théorie. Notre groupe se scinda et il participa à la création du « Questionnement psychanalytique ». Cela ne nous empêcha pas de conserver de précieux liens d’amitiés et de nous retrouver en diverses circonstances de travail et de loisirs. C’est d’ailleurs avec un réel plaisir qu’il accueillit l’an passé, la nouvelle de la création de l’Espace analytique Belgique.
Que la célébration du 18 décembre rassemble autour de son cercueil une foule d’amis, de connaissances et de collègues de tous bords, analytiques et autres, témoigna de ce que fut sa grande ouverture d’esprit, son réel intérêt pour l’autre et les indéfectibles amitiés qu’il créa et entretint tout au long de sa vie. Merci à Anne Capet, son épouse, à ses enfants Matyas, Natacha et Tatiana, et à leurs amis, d’avoir organisé cette émouvante célébration d’adieux et le long moment de retrouvailles qui s’en suivit, tout à son image.
Nicole Stryckman et Patrick De Neuter.
Hommages à Régine de Biolley (2021), Contardo Calligaris (2021) , Raymond Aron (2021) , Moustafa Safouan (2020), Lina Balestriere (2014), Elisabeth d’Alcantara (2013) , Claude Boukobza (2012) Roland Geeraert (2012) Joyce Mc Dougall (2011), Pierre Bastin (2010) et à Zoltan Veress (2010)
- Article 1
Dénomination
Les personnes soussignées et toutes personnes qui auront adhéré aux présents statuts s’unissent en une association sans but lucratif régie par la loi du 1er juillet 1921 (modifiée le 11 décembre 2002 et mise à jour le 15 janvier 2010), ayant pour dénomination : « Espace analytique Belgique ».
- Article 2
L’Association est fondée par :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- Article 3
Siège
Le siège de l’Association est fixé au 24, rue des étudiants, 1060 Bruxelles au sein de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles. Ce siège pourra être transféré par simple décision de l'Organe d’administration.
- Article 4
Durée
La durée de l’Association est illimitée.
- Article 4 bis
L’exercice social commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre de chaque année.
- Article 5
Objet de l’Association
L’Association se propose au moyen de séminaires, d’ateliers, de publications, de conférences-débats, de journées d’études mais aussi de cartels, de groupes de contrôle et d’intervisions, d’assurer la formation et la transmission de la psychanalyse.
- Article 6
Moyens d’action
Les moyens d’action sont choisis par le Bureau, sous réserve d’approbation par l'Organe d’Administration. Il comporte tous les actes et contrats nécessaires à la réalisation des objectifs de l’Association. Toutefois, les accords conclus, notamment en matière de rétribution de services rendus par l’une ou l’autre des parties contractantes, ne doivent ni aliéner l’indépendance morale de l’Association, ni altérer son caractère non lucratif.
- Article 7 (MISE A JOUR en FEVRIER 2025 !)
Composition de l’Association :
L’Association comprend plusieurs catégories de membres.
1°) Les Adhérents d’Espace analytique Belgique ont une pratique se référant à la psychanalyse ou travaillent dans le champ de disciplines affines. Ils sont dans un processus de formation analytique. À cet égard, ils ont entamé ou réalisé une cure analytique, effectuent ou ont effectué des supervisions/contrôles réguliers et participent aux activités organisées par Espace analytique Belgique.
Pour accéder au statut d’Adhérent, les candidats rencontrent deux membres de la Commission Accueil et Admission et ce, à un intervalle d’un mois. La proposition de reconnaissance du statut d’Adhérent pour le candidat sera soumise l’Organe d’Administration dans le respect de la confidentialité. Ce dernier aura la possibilité d’émettre des remarques dont la Commission Accueil et Admission tiendra compte. A l’issue de ce débat, la Commission Accueil et Admission demandera à l’Organe d’Administration la ratification de sa décision.
En cas de refus d’une candidature comme Adhérent par les membres de la Commission Accueil et Admission, si le candidat souhaite reposer sa candidature, un délai d’un an lui sera demandé.
Les Adhérents bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique. Ils peuvent assister à l’Assemblée Générale, mais n’y ont pas droit de vote. Une rencontre aura lieu avec un membre de la Commission Accueil et Admission tous les 2 ans. Ils paient une participation aux frais de fonctionnement dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée Générale sur proposition du Bureau.
2°) Les Analystes praticiens d’Espace analytique Belgique ont une formation reconnue dont Espace analytique Belgique se porte garant.
Peuvent introduire une demande pour accéder au statut d’Analyste praticien, les Adhérents qui ont été inscrits dans l’Association pendant au moins 1 an. Les candidats rencontrent le Secrétaire de la Commission Accueil et Admission ainsi qu’un des membres de cette même Commission. À l’issue de ces deux entretiens, la Commission Accueil et Admission se réunira pour évaluer la demande du candidat, laquelle doit satisfaire aux critères nécessaires, mais non suffisants, suivants :
• être suffisamment loin dans son analyse personnelle.
• avoir une pratique de la cure analytique depuis au minimum cinq ans.
• avoir effectué au moins deux cures supervisées/contrôlées avec deux superviseurs/contrôleurs différents.
Après l’accord de la Commission Accueil et Admission, le candidat constitue un Cartel d’Admission composé de :
• une personne issue de la Commission Accueil et Admission ; cette personne, devenant de facto le Secrétaire de ce Cartel d’Admission, validera le jury en veillant à ce que ce dernier puisse fonctionner sereinement et qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêt entre le candidat et le Cartel d’Admission.
• une personne choisie par le candidat au sein de la liste des Analystes membres et des Analystes praticiens (reconnus depuis au moins cinq ans) au sein d’Espace analytique Belgique.
• une personne tirée au sort parmi la liste des Analystes membres et des Analystes praticiens (reconnus depuis au moins cinq ans) au sein d’Espace analytique Belgique.
• Si le candidat le souhaite, il peut choisir, en concertation avec le Secrétaire du Cartel d’Admission, une quatrième personne, inscrite comme psychanalyste dans un institution psychanalytique reconnue par Espace analytique Belgique.
Une fois ratifiée par la Commission Accueil et Admission, le Cartel d’Admission se réunira à trois reprises avec le candidat et une fois en son absence.
Les rencontres porteront sur le trajet analytique du candidat (analyse personnelle et cures contrôlées), sur sa pratique (cinq ans de pratique de la cure analytique minimum et une expérience clinique qui lui a permis de faire l’expérience du travail en institution avec la psychose et les pathologies les plus sévères), sur les enseignements suivis et ses travaux (exposés, communications, publications, …).
Ce Cartel d’Admission sera vigilant à ce que le candidat s’énonce à partir d’une position analytique c’est-à-dire de sa position de sujet et de son désir en tant qu’analyste. Un avis pourra être éventuellement demandé aux contrôleurs du candidat.
La proposition de reconnaissance du statut d’Analyste praticien pour le candidat sera soumise à l’Organe d’Administration dans le respect de la confidentialité. Ce dernier aura la possibilité d’émettre des remarques dont la Commission Accueil et Admission tiendra compte. A l’issue de ce débat, la Commission Accueil et Admission demandera à l’Organe d’Administration la ratification de sa décision.
Concernant la constitution du Cartel d’Admission, aucun Analyste praticien ou Analyste Membre, choisi ou tiré au sort, ne peut participer à deux Cartels dans le même moment. Le Cartel d’Admission se réunira sur une période d’environ 6 mois et ne pourra pas excéder un an.
En cas de refus d’une candidature par le Cartel d’Admission, il est demandé un délai d’un an entre la fin de ce Cartel et le début du Cartel suivant.
Les Analystes praticiens bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique, ont droit de vote lors des Assemblées Générales et peuvent être membres de l’Organe d’Administration. Une rencontre aura lieu avec un membre de la Commission Accueil et Admission tous les 2 ans. Ils paient une participation aux frais de fonctionnement dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée Générale sur proposition du Bureau.
3°) Les Analystes Membres d’Espace analytique Belgique ont une formation reconnue dont Espace analytique Belgique se porte garant. Ils sont engagés dans une élaboration des questions cruciales de la psychanalyse qui constitue la visée de l’Association. Ils témoignent, au travers de leurs engagements effectifs, de leurs élaborations quant à la formation, la recherche, l’éthique et la transmission de la psychanalyse au sein et en dehors de l’Association.
Peuvent introduire une demande pour accéder au statut d’Analyste Membre, les psychanalystes inscrits comme Analyste praticien dans l’Association depuis au moins cinq ans et qui ont contribué significativement aux activités d’Espace analytique Belgique par l’organisation d’ateliers, d’ateliers d’enseignement, de conférences, …
Le candidat fera part au Secrétaire de la Commission Accueil et Admission de sa demande de nomination en tant qu’Analyste Membre. En concertation avec le Secrétaire, trois Analystes Membres (dont au moins un fait partie de la Commission Accueil et Admission) seront choisis afin d’organiser un Cartel d’Association.
• une personne sera issue de (ou cooptée si nécessaire par) la Commission Accueil et Admission, reconnue comme Analystes membres au sein d’Espace analytique Belgique. Cette dernière devenant de facto le Secrétaire de ce Cartel d’Admission, validera le jury en veillant à ce que ce dernier puisse fonctionner sereinement et qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêt entre le candidat et le Cartel d’Admission.
• une personne sera tirée au sort parmi la liste des Analystes membres au sein d’Espace analytique Belgique.
• une personne sera choisie par le candidat au sein de la liste des Analystes membres au sein d’Espace analytique Belgique.
Le Cartel d’Association se réunira à deux reprises avec un mois d’intervalle. A l’issue de ces deux rencontres, les trois Analystes Membres rendront compte des échanges avec le candidat à la Commission Accueil et Admission. Après un débat au sein de celle-ci, en cas d’acceptation, la poursuite de la démarche consistera à s’énoncer lors d’un Séminaire des membres.
La proposition de reconnaissance du statut d’Analyste Membre pour le candidat sera soumise après cela à l’approbation l’Organe d’Administration dans le respect de la confidentialité. Ce dernier aura la possibilité d’émettre des remarques dont la Commission Accueil et Admission tiendra compte. A l’issue de ce débat, la Commission Accueil et Admission demandera à l’Organe d’Administration la ratification de sa décision.
Dans le cas où le candidat n’a pas pu constituer dans le passé un Cartel d’Admission lors de ces démarches pour être reconnu comme Analyste praticien, il sera invité à rencontrer trois Analystes Membres (dont au moins deux sont inscrits à EaB) non pas à deux reprises mais à quatre reprises. Les deux premières rencontres porteront sur le trajet analytique du candidat (analyse personnelle et cures contrôlées), sur sa pratique, sur les enseignements suivis et ses travaux (exposés, communications, publications). Lors de ces deux premières rencontres, le candidat s’énoncera à partir d’une position analytique c’est-à-dire de sa position de sujet et de son désir en tant qu’analyste.
Les deux autres rencontres porteront sur l’engagement effectif au sein de l’Association du candidat quant à ses élaborations concernant la formation, la recherche, l’éthique et la transmission de la psychanalyse.
Enfin, il appartiendra à la Commission Accueil et Admission de résoudre, en accord avec l’Organe d’Administration, les cas particuliers.
En cas de refus d’une candidature par le Cartel d’Association, il est demandé un délai d’un an entre la fin de ce Cartel et le début du Cartel suivant.
Les Analystes Membres bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique et assistent à l’Assemblée Générale où ils ont droit de vote. Ils paient une participation aux frais de fonctionnement dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée générale sur proposition du Bureau.
4°) Les Membres d’honneur sont nommés par l'Organe d’administration. Ils ne paient pas de cotisation et ne prennent pas part aux votes. Ils participent aux activités d’Espace analytique Belgique s’ils le souhaitent.
- Article 8
Ressources
Les ressources d’Espace analytique Belgique se composent :
1°) des cotisations de ses membres (déterminée chaque année par l'Organe d’administration, sur proposition du Bureau).
2°) des participations aux frais de fonctionnement des Analystes Membres, des Analystes Praticiens, des Adhérents,
3°) des participations aux frais de courrier,
4°) des dons manuels qui pourraient lui être faits par des particuliers ou des collectivités,
5°) des dons ou subventions de toute association affiliée ou non,
6°) de toute ressource autorisée par les textes législatifs et réglementaires.
- Article 9
Démission, radiation
La qualité d’Analyste Membre, d’Analyste Praticien ou d’Adhérent se perd :
1°) par la démission ;
2°) par la radiation prononcée par le Bureau pour motif grave, le membre intéressé ayant été préalablement entendu s’il en fait la demande. Le radié pourra faire appel auprès du prochain Organe d’administration ;
3°) par la radiation d’office pour les membres qui ne se seraient pas mis à jour dans leurs cotisations après la deuxième lettre de rappel, à moins d’un accord particulier avec le Bureau.
L'exclusion d'un membre devra être ratifiée par l'Assemblée Générale à la majorité des deux tiers des voix des membres ayant droit de vote présents ou représentés.
- Article 10
Réseau international d’Espace analytique
Espace analytique Belgique est membre du Réseau international d’Espace analytique. À ce titre, Espace analytique Belgique délègue au moins un membre auprès du Collège International d’Espace analytique et favorise les inscriptions croisées entre les différentes associations du Réseau.
- Article 11
Assemblée générale
L’Assemblée Générale de l’Association comprend tous les Analystes Membres, les Analystes praticiens, les Adhérents. Elle se réunit au moins une fois par an et chaque fois qu’elle est convoquée par le Président et le Vice-président ou par l'Organe d'administration ou sur la demande d’au moins un quart des membres, quelle que soit la catégorie à laquelle ils appartiennent, les membres d’honneur ne seront pas pris en compte dans le calcul de parité. L’ordre du jour est établi par l'Organe d'administration.
Elle entend les rapports sur la gestion de l'Organe d'administration et sur la situation financière et morale de l’Association. Elle peut nommer un commissaire vérificateur des comptes et le charger de faire un rapport sur la tenue de ceux-ci. Elle approuve les comptes de l’exercice, décharge les administrateurs, vote le budget de l’exercice et pourvoit, s’il y a lieu, au renouvellement des membres de l'Organe d'administration. Elle confère à l'Organe d'administration ou à certains membres du Bureau toutes autorisations pour accomplir les opérations entrant dans l’objet de l’Association et pour lesquelles les pouvoirs statutaires seraient insuffisants.
En outre, elle délibère sur toutes questions portées à l’ordre du jour par au moins deux membres de l’Association, quels que soient leurs statuts au sein de celle-ci, et déposées auprès du Secrétaire général (cf art.17) quinze jours au moins avant la réunion. Les convocations sont envoyées conformément aux délais légaux et indiquent l’ordre du jour.
Toutes les délibérations de l’Assemblée générale annuelle sont prises à main levée ou par vote secret, à la majorité absolue des membres ayant droit de vote présents et représentés. Il suffit qu’un seul de ses membres demande le vote secret pour qu’il soit appliqué.
Les membres empêchés pourront se faire représenter par un autre membre de l’Association, au moyen d’un pouvoir écrit. Le nombre des pouvoirs est limité à trois par membre présent.
- Article 12
Assemblées générales extraordinaires
L’Assemblée Générale a un caractère extraordinaire lorsqu’elle statue sur toutes modifications des statuts. Elle peut décider, entre autres, de la dissolution et de l’attribution des biens de l’Association, de la fusion avec toute association de même objet.
Une telle Assemblée devra être composée du tiers au moins des membres ayant droit de vote de l’Association. Il devra être statué à la majorité des deux tiers des voix des membres votants présents. Une feuille de présence sera émargée et certifiée par les membres du Bureau.
Si le quorum n’est pas atteint lors de la réunion de l’Assemblée sur première convocation, l’Assemblée sera convoquée à nouveau, et lors de cette nouvelle réunion, elle pourra valablement délibérer, quel que soit le nombre des membres présents. Dans ce cas, les décisions sont prises à la majorité simple des présents et des représentés.
- Article 13
Organe d'administration
L’Association est administrée par un Organe d'administration de six personnes au minimum, élues pour trois ans et rééligibles à la condition d’obtenir la majorité des 2/3 à l’Assemblée Générale. Cet Organe d'administration est constitué parmi les Analystes Membres d’Espace analytique Belgique et les Analystes praticiens, par l’Assemblée générale, sur proposition du Bureau. L'Organe d'administration veillera à ce qu’une fonction ne soit pas occupée par un membre plus de 3 ans d’affilée.
Il peut y avoir des candidatures libres pour autant que la candidature ait été soumise au Bureau un mois avant l’Assemblée Générale. Le Bureau s’engage à présenter celle-ci à l’Assemblée Générale.
Par ailleurs, l'Organe d'administration pourra coopter un maximum de deux membres Adhérents en son sein. Ceux-ci auront le même pouvoir que les autres Administrateurs et auront droit de vote lors de l’Assemblée Générale. La nomination de ces membres cooptés devra, comme tous les membres de l'Organe d'administration, être ratifiée par de l’Assemblée Générale. Ils seront soumis aux mêmes règles d’alternance des fonctions ou de réélections que les autres membres de l'Organe d'administration.
Si, pour une raison quelconque, l’un des administrateurs ne peut plus occuper son siège, il peut être coopté par l'Organe d'administration — sous réserve de ratification par la prochaine Assemblée Générale suivante — un nouvel administrateur parmi les membres pouvant siéger à l'Organe d'administration (cf ci-dessus). Son mandat prend fin à la fin de la période de trois ans restant à couvrir jusqu’à de nouvelles élections.
Les membres de l'Organe d'administration sont renouvelables annuellement par tiers, les sortants sont rééligibles. Les membres de l'Organe d'administration sont tenus au devoir de réserve.
- Article 14
Réunion de l'Organe d’administration
L'Organe d'administration se réunit au moins trois fois par an, sur convocation, et chaque fois qu’il est convoqué par son Président ou son Vice-président, ou sur la demande du quart des membres de l'Organe d'administration. L'Organe ne peut prendre de décisions valables que si la majorité de ses membres est présente ou représentée.
Il est tenu procès-verbal des séances. Ces procès-verbaux sont signés par le Président et le Secrétaire général. Ils sont inscrits dans un registre des procès-verbaux.
Les décisions sont prises à la majorité absolue des présents ou représentés. En cas de partage, la voix du Président est prépondérante.
- Article 15
Gratuité du mandat
Les membres de l’Association ne peuvent recevoir aucune rétribution en raison des fonctions électives qui leur sont conférées dans l’Association.
- Article 16
Pouvoirs de l'Organe d'administration
L'Organe d'administration est investi des pouvoirs les plus étendus pour poser tous les actes qui ne sont pas réservés à l’Assemblée générale.
Il surveille la gestion des membres du Bureau et a le droit de se faire rendre compte de leurs actes. Il autorise tous achats, aliénations ou locations, emprunts et prêts nécessaires au fonctionnement de l’Association, avec ou sans hypothèque. Il autorise toute transaction, toutes mainlevées d’hypothèques, oppositions ou autres, avec ou sans constatation de paiement. Il arrête le montant de toutes indemnités de représentation, les remboursements de frais exceptionnels attribués à certains membres du Bureau ou de l'Organe d'administration. Il autorise l’ouverture d’un compte bancaire. Il peut faire toute délégation de pouvoirs pour une question déterminée et un temps limité. Il se prononce souverainement sur toutes les admissions, ainsi que précisé à l’article 7 des statuts.
- Article 17
Bureau
L'Organe d'administration, constitué par l’Assemblé Générale, élit parmi les Analystes Membres Espace analytique et les Analystes praticiens, au scrutin secret, sauf décision contraire, un Président et un Vice-président. Ces derniers proposeront à l'Organe d'administration un Bureau composé de :
1°) un Président,
2°) un Vice-président,
3°) un Secrétaire général,
4°) un Secrétaire à la Commission formation et enseignement,
5°) un Secrétaire à la Commission accueil et admission,
6°) un Trésorier,
Ainsi que d’autres membres nommés par l’Assemblée Générale sur proposition du Président et du Vice-président.
La durée du mandat des membres du Bureau est de trois ans et ne saurait excéder la durée de leurs fonctions à l'Organe d'administration. Les membres du Bureau ne sont pas immédiatement rééligibles au même poste, mais sont rééligibles à la condition d’obtenir la majorité des 2/3 à l’Assemblée Générale.
Le Bureau assure le fonctionnement administratif de l’Association. Une Commission formation et enseignement, agréée par l'Organe d'administration, s’occupe des activités de formation, d’enseignement, organise les colloques, congrès, journées d’étude, etc. Une Commission accueil et admission, agréée par l'Organe d'administration, s’occupe de l’accueil et de la nomination des Analystes Membres des Analystes praticiens, des Adhérents. Les attributions et rôles de ces commissions sont précisés dans le Règlement Intérieur de l’Association.
Les délégués représentant l’Association auprès d’instances extérieures, ainsi que des responsables de commissions, peuvent être invités, selon les nécessités, à siéger au Bureau.
Les membres du Bureau sont tenus au devoir de réserve.
- Article 18
Rôle des membres du Bureau
Le Président et le Vice-président
Le Président et le Vice-président convoquent les Assemblées Générales et les réunions de l'Organe d'administration. Ils représentent l’Association dans tous les actes de la vie civile et sont investis de tous pouvoirs à cet effet. Ils ont notamment qualité pour ester en justice au nom de l’Association, tant en demande qu’en défense.
Secrétaire
Le Secrétaire général est chargé de tout ce qui concerne la correspondance et les archives. Il rédige les procès-verbaux des délibérations et en assure la transcription sur les registres. Il tient le registre spécial, prévu par la loi, et assure l’exécution des formalités prescrites.
Trésorier
Le Trésorier est chargé de tout ce qui concerne la gestion du patrimoine de l’Association. Il effectue tous paiements et perçoit toutes recettes sous le contrôle du Président et/ou du Vice-président.
Les achats et les ventes de valeurs mobilières constituant le fonds de réserve sont effectués avec l’autorisation de l'Organe d'administration. Il tient une comptabilité régulière, au jour le jour, de toutes les opérations et rend compte à l’Assemblée Générale annuelle qui statue sur la gestion.
En cas d’absence ou de maladie du Président ou du Trésorier, ils sont remplacés par le Vice-président et, en cas d’empêchement de celui-ci, par le membre le plus ancien ou par tout autre administrateur spécialement désigné par l'Organe d'administration.
Le Secrétaire de la Commission formation et enseignement
Il s’agit de celui ou celle qui anime les travaux de ladite Commission dont la mission est définie dans le règlement intérieur.
Le Secrétaire de la Commission accueil et admission
Il s’agit de celui ou celle qui anime les travaux de ladite commission dont la mission est définie dans le règlement intérieur.
- Article 19
Procès-verbaux
Les procès-verbaux des délibérations des Assemblées sont rédigés par le Secrétaire général sur un registre et signés par le Président et le Vice-président et un membre du Bureau présent à la délibération.
Les procès-verbaux de délibération de l'Organe d'administration sont transcrits par le Secrétaire général sur un registre, signés par le Secrétaire général, le Président et le Vice-président.
Le Secrétaire général peut délivrer toutes copies certifiées conformes qui font loi vis-à-vis des tiers.
- Article 20
Dissolution
La dissolution de l’Association ne peut être prononcée que par une Assemblée Générale Extraordinaire, convoquée spécialement à cet effet.
L’Assemblée Générale Extraordinaire désigne un ou plusieurs liquidateurs chargés de la liquidation des biens de l’Association et dont elle déterminera les pouvoirs.
Elle attribue l’actif net à toute association déclarée ayant un objet similaire ou à tout établissement public ou privé reconnu d’utilité publique.
- Article 21
Règlement intérieur
L'Organe d'administration arrête le texte d’un règlement intérieur qui sera approuvé par l’Assemblée Générale. Ce règlement détermine les modalités d’application des présents statuts.
- Article 22
Le tribunal compétent pour connaître de tout litige concernant l’Association est celui de l'arrondissement judiciaire dans lequel est situé son siège social, alors même que le litige porterait sur des contrats passés dans des établissements sis dans d’autres arrondissements.
- Article 23
Le président est chargé, au nom de l'Organe d'administration, de remplir les formalités des déclarations et publications prévues par la loi du 28 octobre 2002.
* * *
-
I. Objectifs de l'association
1°) Favoriser la recherche et la transmission de la psychanalyse, avoir le souci de permettre une réflexion et une confrontation des diverses expériences cliniques belges et étrangères. Faciliter les échanges entre psychanalystes au moyen de réunions, congrès scientifiques et de publications, ainsi qu’avec des non-analystes travaillant dans le champ de disciplines affines.
2°) Promouvoir la formation des analystes en privilégiant dans les lieux de formation et d’enseignement mis en place le retour à la clinique. Avoir pour souci de soutenir le questionnement de chacun dans sa pratique quotidienne. Interroger ce que devient la pratique analytique en institution.
-
II. Constitution et qualité des membres (MISE A JOUR en février 2025)
Les modalités de nomination et d’admission dans les catégories définies à l’article 7 des statuts sont ainsi définies :
1°) Les Adhérents d’Espace analytique Belgique ont une pratique se référant à la psychanalyse ou travaillent dans le champ de disciplines affines. Ils sont dans un processus de formation analytique. À cet égard, ils ont entamé ou réalisé une cure analytique, effectuent ou ont effectué des supervisions/contrôles réguliers et participent aux activités organisées par Espace analytique Belgique.
Pour accéder au statut d’Adhérent, les candidats rencontrent deux membres de la Commission Accueil et Admission et ce, à un intervalle d’un mois. La proposition de reconnaissance du statut d’Adhérent pour le candidat sera soumise l’Organe d’Administration dans le respect de la confidentialité. Ce dernier aura la possibilité d’émettre des remarques dont la Commission Accueil et Admission tiendra compte. A l’issue de ce débat, la Commission Accueil et Admission demandera à l’Organe d’Administration la ratification de sa décision.
En cas de refus d’une candidature comme Adhérent par les membres de la Commission Accueil et Admission, si le candidat souhaite reposer sa candidature, un délai d’un an lui sera demandé.
Les Adhérents bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique. Ils peuvent assister à l’Assemblée Générale, mais n’y ont pas droit de vote. Une rencontre aura lieu avec un membre de la Commission Accueil et Admission tous les 2 ans. Ils paient une participation aux frais de fonctionnement dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée Générale sur proposition du Bureau.
2°) Les Analystes praticiens d’Espace analytique Belgique ont une formation reconnue dont Espace analytique Belgique se porte garant.
Peuvent introduire une demande pour accéder au statut d’Analyste praticien, les Adhérents qui ont été inscrits dans l’Association pendant au moins 1 an. Les candidats rencontrent le Secrétaire de la Commission Accueil et Admission ainsi qu’un des membres de cette même Commission. À l’issue de ces deux entretiens, la Commission Accueil et Admission se réunira pour évaluer la demande du candidat, laquelle doit satisfaire aux critères nécessaires, mais non suffisants, suivants :
• être suffisamment loin dans son analyse personnelle.
• avoir une pratique de la cure analytique depuis au minimum cinq ans.
• avoir effectué au moins deux cures supervisées/contrôlées avec deux superviseurs/contrôleurs différents.
Après l’accord de la Commission Accueil et Admission, le candidat constitue un Cartel d’Admission composé de :
• une personne issue de la Commission Accueil et Admission ; cette personne, devenant de facto le Secrétaire de ce Cartel d’Admission, validera le jury en veillant à ce que ce dernier puisse fonctionner sereinement et qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêt entre le candidat et le Cartel d’Admission.
• une personne choisie par le candidat au sein de la liste des Analystes membres et des Analystes praticiens (reconnus depuis au moins cinq ans) au sein d’Espace analytique Belgique.
• une personne tirée au sort parmi la liste des Analystes membres et des Analystes praticiens (reconnus depuis au moins cinq ans) au sein d’Espace analytique Belgique.
• Si le candidat le souhaite, il peut choisir, en concertation avec le Secrétaire du Cartel d’Admission, une quatrième personne, inscrite comme psychanalyste dans un institution psychanalytique reconnue par Espace analytique Belgique.
Une fois ratifiée par la Commission Accueil et Admission, le Cartel d’Admission se réunira à trois reprises avec le candidat et une fois en son absence.
Les rencontres porteront sur le trajet analytique du candidat (analyse personnelle et cures contrôlées), sur sa pratique (cinq ans de pratique de la cure analytique minimum et une expérience clinique qui lui a permis de faire l’expérience du travail en institution avec la psychose et les pathologies les plus sévères), sur les enseignements suivis et ses travaux (exposés, communications, publications, …).
Ce Cartel d’Admission sera vigilant à ce que le candidat s’énonce à partir d’une position analytique c’est-à-dire de sa position de sujet et de son désir en tant qu’analyste. Un avis pourra être éventuellement demandé aux contrôleurs du candidat.
La proposition de reconnaissance du statut d’Analyste praticien pour le candidat sera soumise à l’Organe d’Administration dans le respect de la confidentialité. Ce dernier aura la possibilité d’émettre des remarques dont la Commission Accueil et Admission tiendra compte. A l’issue de ce débat, la Commission Accueil et Admission demandera à l’Organe d’Administration la ratification de sa décision.
Concernant la constitution du Cartel d’Admission, aucun Analyste praticien ou Analyste Membre, choisi ou tiré au sort, ne peut participer à deux Cartels dans le même moment. Le Cartel d’Admission se réunira sur une période d’environ 6 mois et ne pourra pas excéder un an.
En cas de refus d’une candidature par le Cartel d’Admission, il est demandé un délai d’un an entre la fin de ce Cartel et le début du Cartel suivant.
Les Analystes praticiens bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique, ont droit de vote lors des Assemblées Générales et peuvent être membres de l’Organe d’Administration. Une rencontre aura lieu avec un membre de la Commission Accueil et Admission tous les 2 ans. Ils paient une participation aux frais de fonctionnement dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée Générale sur proposition du Bureau.
3°) Les Analystes Membres d’Espace analytique Belgique ont une formation reconnue dont Espace analytique Belgique se porte garant. Ils sont engagés dans une élaboration des questions cruciales de la psychanalyse qui constitue la visée de l’Association. Ils témoignent, au travers de leurs engagements effectifs, de leurs élaborations quant à la formation, la recherche, l’éthique et la transmission de la psychanalyse au sein et en dehors de l’Association.
Peuvent introduire une demande pour accéder au statut d’Analyste Membre, les psychanalystes inscrits comme Analyste praticien dans l’Association depuis au moins cinq ans et qui ont contribué significativement aux activités d’Espace analytique Belgique par l’organisation d’ateliers, d’ateliers d’enseignement, de conférences, …
Le candidat fera part au Secrétaire de la Commission Accueil et Admission de sa demande de nomination en tant qu’Analyste Membre. En concertation avec le Secrétaire, trois Analystes Membres (dont au moins un fait partie de la Commission Accueil et Admission) seront choisis afin d’organiser un Cartel d’Association.
• une personne sera issue de (ou cooptée si nécessaire par) la Commission Accueil et Admission, reconnue comme Analystes membres au sein d’Espace analytique Belgique. Cette dernière devenant de facto le Secrétaire de ce Cartel d’Admission, validera le jury en veillant à ce que ce dernier puisse fonctionner sereinement et qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêt entre le candidat et le Cartel d’Admission.
• une personne sera tirée au sort parmi la liste des Analystes membres au sein d’Espace analytique Belgique.
• une personne sera choisie par le candidat au sein de la liste des Analystes membres au sein d’Espace analytique Belgique.
Le Cartel d’Association se réunira à deux reprises avec un mois d’intervalle. A l’issue de ces deux rencontres, les trois Analystes Membres rendront compte des échanges avec le candidat à la Commission Accueil et Admission. Après un débat au sein de celle-ci, en cas d’acceptation, la poursuite de la démarche consistera à s’énoncer lors d’un Séminaire des membres.
La proposition de reconnaissance du statut d’Analyste Membre pour le candidat sera soumise après cela à l’approbation l’Organe d’Administration dans le respect de la confidentialité. Ce dernier aura la possibilité d’émettre des remarques dont la Commission Accueil et Admission tiendra compte. A l’issue de ce débat, la Commission Accueil et Admission demandera à l’Organe d’Administration la ratification de sa décision.
Dans le cas où le candidat n’a pas pu constituer dans le passé un Cartel d’Admission lors de ces démarches pour être reconnu comme Analyste praticien, il sera invité à rencontrer trois Analystes Membres (dont au moins deux sont inscrits à EaB) non pas à deux reprises mais à quatre reprises. Les deux premières rencontres porteront sur le trajet analytique du candidat (analyse personnelle et cures contrôlées), sur sa pratique, sur les enseignements suivis et ses travaux (exposés, communications, publications). Lors de ces deux premières rencontres, le candidat s’énoncera à partir d’une position analytique c’est-à-dire de sa position de sujet et de son désir en tant qu’analyste.
Les deux autres rencontres porteront sur l’engagement effectif au sein de l’Association du candidat quant à ses élaborations concernant la formation, la recherche, l’éthique et la transmission de la psychanalyse.
Enfin, il appartiendra à la Commission Accueil et Admission de résoudre, en accord avec l’Organe d’Administration, les cas particuliers.
En cas de refus d’une candidature par le Cartel d’Association, il est demandé un délai d’un an entre la fin de ce Cartel et le début du Cartel suivant.
Les Analystes Membres bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique et assistent à l’Assemblée Générale où ils ont droit de vote. Ils paient une participation aux frais de fonctionnement dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée générale sur proposition du Bureau.
4°) Les Membres d’honneur sont nommés par l'Organe d’administration. Ils ne paient pas de cotisation et ne prennent pas part aux votes. Ils participent aux activités d’Espace analytique Belgique s’ils le souhaitent.
-
III. La Commission Accueil et Admission
La Commission d’accueil et d’admission est composée d’au minimum 5 membres qui sont Analystes Praticiens ou Analystes Membres.
La Commission doit répondre aux exigences suivantes :
-
- Intervenir dans l’accueil et la nomination des Adhérents, des Analystes praticiens et des Analystes Membres.
- Veiller à ce que le candidat s’énonce à partir d’une position analytique ainsi que de son désir en tant qu’analyste.
- Poursuivre un travail de réflexion sur sa pratique dont elle doit témoigner devant le séminaire des membres
- Être animée par le secrétaire de la Commission accueil et admission, membre du Bureau.
- Les membres de la Commission accueil et admission sont désignés pour trois ans par l'Organe d’administration. Ils peuvent faire plusieurs mandats de trois ans si tel est le choix de l'Organe d’administration.
-
IV. Formation et qualification des Analystes
Rien ne peut remplacer une analyse personnelle ainsi que la nécessité, pour le candidat, d’avoir à rendre compte de son travail dans des cures supervisées. Le candidat peut avoir fait ou faire une analyse avec un analyste ou des contrôleurs qui appartiennent à un autre groupe qu’Espace analytique Belgique, mais qui sont néanmoins reconnus par l’Association.
Dans la qualification du candidat comme analyste, il sera tenu compte du trajet analytique d’une part, de la pratique du candidat, d’autre part. Si le candidat n’est pas connu des membres appelés à statuer sur son admission, il pourra être fait appel à l’avis des superviseurs, ou à défaut, l’avis d’analystes ayant eu connaissance de la pratique du candidat et de la dimension éthique dans laquelle cette pratique se situe. Une Association telle qu’Espace analytique Belgique doit garantir la formation d’un candidat.
-
V. Séminaire des Membres et des Analystes Praticiens d'Espace analytique
Le Séminaire des membres réunit, plusieurs fois par an, les Analystes Membres et les Analystes praticiens qui sont tenus d’y participer — leur nomination les y engage. Ce séminaire poursuit le travail de dégagement d’une orientation commune à Espace analytique Belgique, concernant les questions cruciales de la psychanalyse (en particulier l’éthique et la question de la formation, etc.). Il peut être le lieu d’un travail d’analyse et d’évaluation de l’activité de l’institution, et, en particulier, des procédures de sélection ci-dessus proposées. Il peut être amené à rendre compte de ses travaux au cours des journées d’étude ou lors des colloques ouverts aux autres participants de l’Association. Deux coordinateurs ayant charge d’organisation sont élus pour trois ans par l'Organe d’administration. Ils ne sont pas immédiatement rééligibles. Sur décision du CA, les Adhérents peuvent être invités à participer au travail du Séminaire des Membres.
-
VI. Enseignement et formation
Un enseignement sera mis en place : ateliers, séminaires, groupes de travail autour de la lecture de textes de Freud et de Lacan ainsi que d’autres auteurs psychanalystes, autour de la métapsychologie, de la clinique des névroses et des psychoses, de la psychanalyse d’enfants, de la logique, de l’épistémologie, des questions institutionnelles, etc. Des possibilités de rencontres informelles entre analystes en formation et leurs aînés autour de questions surgies de la pratique quotidienne seront mises en place.
À côté de cet enseignement de base, on encouragera les groupes de travail qui souhaitent s’annoncer sous leur propre responsabilité. On assurera à ces groupes la diffusion nécessaire à la mise en place de leur projet. On veillera à instaurer des débats autour de questions cruciales.
La recherche est ouverte à tous et il n’est pas besoin d’être reconnu analyste pour s’intéresser à la psychanalyse. Les analystes en formation sont, en fait, avec les patients, les véritables enseignants des enseignants. Il s’agit là d’une question essentielle à ne pas perdre de vue. Il n’est pas exclu que chacun puisse à certains moments, proposer un thème de réflexion à la Commission enseignement et formation. Espace analytique Belgique entend bien arracher l’enseignement à des questions de promotion interne des analystes. C’est à partir de l’expérience clinique que se fait une formation et que naît une dimension éthique. C’est dans un après-coup qu’apparaîtra ce qui doit être privilégié, pour garantir à l’ensemble un minimum de cohérence. Cette dimension de l’après-coup sanctionne une expérience de façon plus juste que lorsque des restrictions sont posées au départ.
La Commission enseignement et formation organise donc la formation et l’enseignement à Espace analytique Belgique. À ce titre, elle statue sur toute demande d’atelier, séminaire ou groupe de travail et cartels. Cette mise en place d’activités, d’enseignements, de rencontres, de colloques, de journées d’étude, et de congrès sera assurée par la Commission et soumis à l’approbation de l'Organe d’administration.
Concernant les groupes d’intervision, ceux-ci se feront uniquement à l’initiative d’au moins un Analyste Membre ou Analyste Praticien qui par ailleurs se chargera d’animer le groupe.
La Commission enseignement et formation est animée par le Secrétaire de la Commission, membre du Bureau. Celui-ci est élu pour une durée de trois ans. Sont membres d’office de la Commission enseignement et formation les deux coordinateurs du Séminaire des membres ainsi que tous les Analystes membres, les Analystes praticiens et les Adhérents qui sont à l’initiative d’un atelier, séminaire, cartel ou groupe de travail.
Enfin, elle poursuit un travail de réflexion sur sa pratique dont elle doit témoigner devant le Séminaire des membres.
-
VII. Bureau
Les Analystes Membres, les Analystes praticiens et les Adhérents peuvent solliciter une prise de position du Bureau sur tel ou tel problème qui les concerne. Le Bureau, aidé par les membres de l'Organre d’administration, s’efforcera de traiter ces questions et d’informer les personnes concernées des positions prises par le Bureau.
-
VIII. Cotisations
Pour adhérer à Espace analytique Belgique, les Analystes Membres, les Analystes praticiens et les Adhérents devront être à jour dans leur cotisation ou participation aux frais de fonctionnement. La cotisation sera fonction du budget prévisionnel à établir (local, secrétariat, etc.). D’une façon ponctuelle, une participation pourra être demandée aux membres pour couvrir les frais de voyage et d’accueil de tel analyste étranger invité à participer à un débat.
-
IX. Echanges scientifiques
Espace analytique Belgique se propose non seulement d’établir des échanges scientifiques avec les autres groupes analytiques en Belgique et à l’étranger, mais aussi de s’intéresser concrètement aux expériences pilotes menées en Belgique et à l’étranger dans le champ de la psychiatrie, de la pédagogie et de la psychanalyse.
-
X. Collège international d'Espace Analytique
Espace analytique Belgique fait partie du Réseau International d’Espace Analytique. Il délègue au moins un membre auprès du Collège International, organe qui assure le fonctionnement du réseau.
Nous renvoyons au site d’Espace Analytique (France) pour les modalités de fonctionnement du Réseau.
.
- Institution sous-titre: Transcription de la communication du Président Cédric Levaque faite le 18 Juin 2010, au nom des fondateurs, lors de la journée de Fondation d'Espace analytique de Belgique.
Après un travail de réflexion de deux ans, nous fondons aujourd’hui collégialement Espace analytique Belgique, association de formation et de recherche psychanalytique. Cette brève présentation met l’accent sur plusieurs aspects importants de la clinique psychanalytique, de ses théories, de son enseignement et de sa transmission.
Si, à son époque, Sigmund Freud estimait que le psychanalyste pouvait se passer de l’Université puisque les Sociétés de Psychanalyse avaient été conçues pour dispenser l’enseignement nécessaire, force est de constater que ces mêmes Sociétés n’ont pas été en mesure d’assurer facilement cette tâche d’enseignement et de formation.
Certes, la transmission et l’enseignement de la psychanalyse peuvent s’aborder selon des dispositions distinctes selon qu’il s’agisse de formation ou d’information. Si le propre de l’enseignement est la communication d’un savoir, un tel enseignement n’est pourtant pas le but essentiel d’une association de psychanalystes. En effet, l’acquisition de connaissances théoriques est exigible mais non suffisante pour la formation des analystes. Il est donc essentiel d’approfondir la recherche analytique et favoriser le partage des acquis cliniques et théoriques.
Mais, apprendre quelque chose sur la psychanalyse ou apprendre quelque chose de la psychanalyse sont deux modalités radicalement différentes. Si nous avons tous expérimenté, dans notre cure, l’acquisition d’éléments non sus par nous-mêmes, notre analyste s’est cependant bien gardé de nous enseigner quoi que ce soit. Comme le rappelle Octave Mannoni : « L’instrument des découvertes dans cette situation, c’est le transfert où la communication du savoir n’y a aucune
part »1.
Dès lors, nous sommes en droit de nous demander si la psychanalyse s’enseigne. Et si oui, à partir de quelle expérience commune ? Et surtout, que cherchons-nous à transmettre ? Ces questions sont essentielles et primordiales tant au moment de la constitution d’une nouvelle association psychanalytique que durant son activité.
Nous ne prétendons pas pallier et résoudre une fois pour toutes le problème des rapports entre clinique psychanalytique, enseignement et formation analytique. Toutefois, nous souhaitons que ces questions continuent à s’élaborer au sein de notre association afin que les modalités nécessaires à la transmission et à l’enseignement de la psychanalyse soient constamment interrogées. Dès lors, la création d’un espace propice à cette réflexion est-elle nécessaire et ce, tout en étant attentif aux inévitables résistances inhérentes au groupe et à sa dynamique.
La question de la transmission de la psychanalyse nous confronte également à la question de l’idéal. Idéal ou idéalisation de la psychanalyse en tant que théorie ; idéalisation de la cure, de l’enseignement, de la formation et, au final, de l’association analytique. La vigilance est donc, à cet égard, de mise car ces idéalisations ont de profondes répercussions sur la pratique des analystes. Cette dernière est, en effet, beaucoup plus dépendante que nous ne l’imaginons de l’idéal institutionnel de l’analyste. Le patient et les analystes en formation sont toujours loin d’y gagner. L’association n’est donc nullement à idéaliser et toute élaboration au sein d’un groupe fermé accroît, inévitablement, l’écart entre la pratique et la théorie, au point que celles-ci constituent deux champs qui finissent par s’objecter ou se méconnaître. Espace analytique Belgique veillera à être un lieu ouvert, évitant la fermeture sur soi ou sur une doctrine théorique, synonyme pour nous d’une inhibition de la recherche et de la pratique clinique.
Nous savons tous combien une connaissance ne peut constituer une doctrine ayant réponse à tout et ce, sans occasionner irrémédiablement la menace d’une rigidification de la pensée, voire sa « sacralisation ». Aussi, est-ce avant tout dans un travail et un enrichissement créatif de recherche et de pratique clinique que s’élaborent nos rapports à la théorie. Les allers et retours incessants aux théories sont de mise, comme nous l’a démontré la démarche freudienne. Mais exiger que la pratique illustre la théorie, équivaudrait à mettre en échec le travail analytique de nos analysants.
En effet, si la transmission de la psychanalyse suppose redécouverte constante de la dimension de l’inconscient, rappelons toutefois, que la psychanalyse restera toujours imprévisible puisque l’inconscient est un savoir qui ne se sait pas. Aussi, tout rapport à ce savoir est-il inéluctablement remanié par les effets de l’inconscient. Nous demeurons ainsi dans un « savoir à advenir »2et non dans une connaissance suffisante. La psychanalyse est et reste donc orientée par la pratique avant tout et non uniquement par la théorie ; cette pratique est à réinventer avec chaque patient, demeurant ainsi un processus de création. A charge donc, pour l’analyste, de se réinventer à partir de cet intenable propre à sa fonction. Réinvention qui doit être également encouragée, incitée et soutenue par le mode de fonctionnement de l’association.
Comme l’avançait Maud Mannoni, « De même que toute conception de l’analyse est infléchie par le choix théorique du départ, les critères de sélections, comme la visée même de l’analyse, sont fonction de ce qui, au départ, se trouve privilégié dans le désir le l’analyste… »3
Le « désir de l’analyste » n’est-il pas le moteur essentiel de toute transmission psychanalytique ? Par conséquent, une association psychanalytique n’a-t-elle pas à transmettre également quelque chose de l’ordre de ce « désir de l’analyste » ? Désir qui n’est surtout pas à confondre avec le désir d’être psychanalyste. Car, si ce dernier est un point auquel une association psychanalytique ne cesse d’être confrontée, il convient toutefois qu’elle garde à cet égard une distance adéquate.
Ce désir particulier qu’est le désir de l’analyste peut être entendu comme une fonction. Nous soulignons ainsi combien il ne s’agit aucunement de la prescription d’une conduite à tenir ou à adopter dictant à un analyste, ce qu’il devrait faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire. Cette prescription s’apparentant plutôt à un désir d’être psychanalyste.
Si nous associons les termes d’institution psychanalytique et de fonction, c’est principalement pour évoquer que cette fonction est incarnée par ses différents membres analystes. Ceux et celles qui incarnent ces fonctions, varient, changent selon les transferts, les personnes et le temps. Ce mode d’incarnation, présent au sein d’Espace analytique Belgique, vise à éviter toute sacralisation d’une personne, d’un discours, d’une œuvre et de réduire ainsi une association psychanalytique à être l’association d’un chef de file, d’un maître, d’un Père fondateur.
Espace analytique Belgique renonce ainsi à dispenser un savoir entier, unique, rassurant, universitaire et s’engage à créer un lieu pour recevoir, entendre et accueillir l’adresse de l’autre. A charge d’Espace analytique Belgique et de ses membres d’être à l’écoute des demandes, des discours explicites qui lui sont adressés mais aussi des discours implicites : ces discours sans voix auxquels l’association a, dans le meilleur des cas, à permettre de trouver une adresse et ce, de par l’acte éthique et la place d’un lieu de travail qu’elle peut leur proposer.
Si comme l’avance Jacques Lacan « …il (l’analyste) doit simplement être capable d’offrir sa place comme place vacante au désir du patient… »4, nous pensons qu’une association psychanalytique a, elle aussi, à créer un lieu afin d’entendre les questions cliniques, théoriques et institutionnelles posées par ses membres et favoriser une mise au travail de celles-ci. La création d’un tel lieu permettra à l’association de soutenir de la sorte le désir qui fonde chacun de ses membres ; désir qui les porte à ce qu’ils s’engagent dans leurs dires, dans leurs actes psychanalytiques, transmettant ainsi « un désir averti »5 , désir que Jacques Lacan nomme le désir de l’analyste.
Cette fondation d’Espace analytique Belgique est avant tout collégiale ; un pacte entre pairs autour de la psychanalyse et ses transmissions. Cette association se veut être une « Association de Formation et de Recherche Psychanalytiques » car elle ne dispense nullement un savoir pré-digéré et suffisant. Aussi, si nous nous référerons singulièrement à l’œuvre de Jacques Lacan, nous nous disons psychanalystes freudiens car ce terme recouvre tout le champ de la psychanalyse sans exclusive. Espace analytique de Belgique souhaite rassembler, dans une communauté d’échanges dynamiques, des analystes ouverts à d’autres théoriciens et praticiens de la psychanalyse tels que Dolto, Ferenczi, Winnicott ou encore Klein. De cette pluralité des références résulte une relativisation possible de chaque approche théorique. Il est de la responsabilité de l’association et de ses membres de permettre que cette diversité soit source de richesses plutôt que de conflits. C’est « la pluralité des discours et des échanges cliniques qui peut maintenir un lieu à vocation de formation et de recherche »6.
Cette recherche, nous souhaitons que tous les membres de l’Association y prennent part. Il n’est pas besoin d’être reconnu analyste pour s’intéresser à la psychanalyse. Les analystes en formation sont, en fait, avec les patients, les véritables enseignants des enseignants. Le respect et la singularité de chacun sont les conditions sine qua non de la formation et de la recherche du psychanalyste. Aussi, tous les membres peuvent-ils proposer un thème de réflexion à la Commission formation et enseignement. Espace analytique Belgique veillera à différencier la transmission de la psychanalyse du statut des analystes au sein de l’association. C’est aussi avec les expériences tirées des erreurs que s’opère une formation et que naît une dimension éthique. C’est dans un après-coup qu’apparaîtra ce qui doit être privilégié, pour garantir à l’ensemble une rigueur de cohérence.
Pour les membres fondateurs.
Cédric Levaque,
Président d’Espace analytique de Belgique (2011-2017)* * *
-
Bibliographie
1 Mannoni O., « Psychanalyse et enseignement. Toujours le transfert », Un commencement qui n’en finit
pas. Transfert, interprétation, théorie, Paris, Seuil, 1980, pp. 60-61.
2 Mannoni M., Un savoir qui ne se sait pas. L’expérience analytique, Paris, Denoël, 1985.
3 Mannoni M., Un savoir qui ne se sait pas. L’expérience analytique, Paris, Denoël, 1985, p.134.
4 Lacan J., Le Séminaire, Livre VII, L’Ethique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986.
5 Lacan J., Le Séminaire, Livre VII, L’Ethique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 347.
6 Mannoni M., « Acte de fondation d’Espace analytique », 1994. Cf. site d’Espace analytique, rubriques textes fondateurs.
L'enseignement au sein d'EaB
Le signifiant « enseignement » ne s’accorde guère avec celui de « psychanalyse » et cela pour diverses raisons.
Relevons d'emblée l’antipathie existant entre le savoir qui peut se transmettre et celui qu’enseigne la cure. On sait les oppositions classiquement soulignées entre l’enseignement sur la psychanalyse et l’enseignement de la psychanalyse, entre le savoir sur la psychanalyse et celui qui se dégage de la psychanalyse, entre le savoir qui s’acquière grâce à l’expérience dans le transfert et celui qui se reçoit lors d’un exposé ex-cathedra[1], entre le sujet intentionnel – autrement dit, le moi conscient- et le sujet de l’inconscient.
La place et la fonction du savoir de l’analyste dans la cure ne vont également pas de soi. Lacan en était arrivé à affirmer que le savoir du psychanalyste consistait à savoir oublier ce qu’il savait, indiquant qu’à chaque nouvelle cure, il s’agissait d’être attentif à ce qui pouvait s’y entendre d’inouï, d’inédit et de tout à fait singulier à tel sujet, plutôt que d’être attentif à ce qui viendrait confirmer la théorie. Néanmoins, l’expérience montre que plus son bagage théorique est léger, plus l’analyste à tendance a l’appliquer de façon répétitive et simpliste aux dires de ses analysants. Un large bagage théorique le rend par contre sensible à la complexité des processus psychiques, à l’extrême variabilité des subjectivités et à l’immuabilité des structures. C’est ce que Freud exprimait lui-même en s’opposant aux généralisations car aucun analysant n’y correspond jamais.
Il est donc important que l’analyste en sache un bout et plutôt un bon bout qu’un petit bout. Lacan appelait cela la « docte ignorance »[2], ce qui désigne une autre ignorance que celle de Socrate qui sait qu’il ne sait pas. Lorsque Lacan emprunte cette expression à Nicolas Cues, il est probablement sensible au fait que pour atteindre un savoir certain, le sujet doit renoncer à la prétention de connaître seul la vérité et s’ouvrir à l’écoute de l’autre[3].
Mais par quelles voies autres que la cure transmettre ce savoir qui s’en dégage ? En effet, ce n’est pas parce que l’enseignement se heurte à certaines difficultés qu’il ne doit pas être mis en place. Ce n’est pas parce que la vérité ne peut que se mi-dire que l’analyste-enseignant est condamné à se taire.
Partons de ce qu’un tel enseignement ne doit pas être. S'il est nécessaire d’en passer par les signifiants de Freud et de Lacan, il importe de ne pas y rester fixé voire aliéné. Il ne peut s’agir de répéter Freud, Lacan ou qui que ce soit. Si géniaux fussent-ils, il ne s’agit pas de célébrer religieusement leurs découvertes. Par contre, le transfert sur ces fondateurs (il n’y a pas de transmission psychanalytique sans transfert) doit être à l’origine d’une perlaboration, d’un engagement de « l’enseigné » à partir de ce que lui a enseigné sa propre cure. L’ « enseigné » devenant ainsi fondamentalement « enseignant » et ce, au même titre que « l’enseignant » responsable. C’est pourquoi le signifiant « atelier d’enseignement » nous semble mieux convenir que celui de séminaire et, à fortiori, celui de cours. Il en est de même des signifiants « conférences-débats » et « journées d’étude », autres formes d’enseignement, plus ouvertes à la recherche actuelle et aux audiences plus larges.
Un enseignement psychanalytique tient compte donc de la différence déjà mentionnée entre le savoir qui se peut transmettre dans les activités d’enseignement et celui, moins dicible, qu’enseigne la cure. Cependant, l’enseignement visera à ouvrir l’écoute de chacun au savoir issu dans sa propre cure ainsi que celui qui se dégage de sa pratique psychanalytique. Il veillera donc à ce que la théorie ne soit pas envisagée comme oblitération du Réel de la clinique mais, au contraire, comme tentative toujours incomplète d’imaginariser et de symboliser ce Réel.
Ces diverses activités d’enseignements auront notamment pour objet ce qui a été appelé « doctrine analytique », c’est-à-dire un ensemble de savoirs recueillis dans l’expérience analytique par les fondateurs que sont Freud et Lacan. Parler de « doctrine » n’implique pas qu’il y s’agisse de dogme. La doctrine est analytique si elle est ouverte à la recherche, à la révision, à la critique, à de nouvelles avancées rendues possibles ou nécessaires par la clinique. Toute théorie garde en effet une structure de fiction au regard du Réel[4]. Considérée à sa juste place, la doctrine analytique est néanmoins indispensable pour se repérer dans la clinique. Toutefois, cette position ne va pas de soi tant l’histoire des institutions analytiques démontre la pente dogmatique qui menace les institutions analytiques. Il n’est pas rare que le dogme et l’analyste y règnent en maître. Lacan souhaitait que l’analyste soit un maître sans disciple. L’observation du milieu analytique démontre que son vœu ne s’est pas souvent réalisé. Espace analytique Belgique veillera à éviter ce danger en maintenant un esprit critique créatif par rapport aux doctrines, surtout lorsque ces mises en question se réfèrent à la clinique.
Une autre façon d’éviter le dogmatisme est de prendre en compte qu’il n’y a pas qu’un seul détenteur du savoir psychanalytique. Certes, rien ne remplace la lecture des textes de Freud et de Lacan, qui en a renouvelé la lecture et qui a produit ses propres avancées. Mais, il importe de ne pas négliger les apports d’autres analystes qui, chacun à leur façon, et en fonction de leurs cliniques spécifiques, ont enrichi la doctrine psychanalytique : F. Dolto, D. W. Winnicott, M. Klein, O. et M. Mannoni, J. Oury et quelques autres.
Le dogmatisme n’est pas le seul risque qui guette l’enseignement. L’ennui surgit souvent de la répétition. Les enseignements veilleront donc à stimuler l’acquisition de ces connaissances, à réveiller l’esprit critique, à déranger les idées reçues et à encourager les liens avec la clinique sous ses diverses formes.
L’enseignement ne peut se limiter à la psychanalyse. Freud déjà a souligné la nécessité d’avoir une connaissance suffisante dans le domaine de l’histoire des religions, de l’anthropologie ; Lacan y a ajouté la linguistique, le structuralisme et la topologie. Aujourd’hui, il nous semble que l’analyste ne puisse cultiver l’ignorance concernant ces nouvelles disciplines que sont les neurosciences.
Enfin, l’enseignement de la psychanalyse ne peut être soutenu qu’à plusieurs. Enseigner à plusieurs ne vise pas à alléger la charge des responsables de l’enseignement, ni à réduire les points d’insus de chacun mais à permettre une lecture dialectisée des textes fondamentaux, lecture adéquate à leur objet et à l’Objet de la psychanalyse.
Aussi, Espace analytique Belgique offre des lieux d’enseignement, où chacun organise son chemin en fonction de ses intérêts et des nécessités de sa formation, tout en évitant l’écueil de la standardisation du parcours. Espace analytique Belgique désignera ainsi deux interlocuteurs auxquels les candidats pourront s’adresser pour organiser leur parcours.
Bruxelles, juillet 2015
[1] « Ce que le patient a vécu sous la forme d’un transfert, jamais plus il ne l’oublie, et il y attache une conviction plus forte qu’à tout ce qu’il a acquis par d’autres moyens », in Freud, S., « Le travail pratique » (1938), Abrégé de psychanalyse, Paris, Puf, 1978, p.45.
[2] Lacan, J., Variante de la cure type (1953_1955), Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p.362.
[3] Sfez ,J., « La docte ignorance. Perspectives et foi chez Cues et chez Lacan ». Clinique lacanienne, 2005/2, 9, pp. 191-213.
[4] Mannoni, M., La théorie comme fiction, Paris, Seuil, 1979 et Mannoni O., Fictions freudiennes, Paris, Seuil, 1978.
Commission Formation et Enseignement
-
Membres de la commission
Sont membres de la commission formation et enseignement, tous les analystes membres, les analystes adhérents praticiens et les adhérents qui sont à l’initiative d’un atelier, séminaire, cartel ou groupe de travail.
Coordination pour les responsables du Séminaire des Membres :
- Sylvie Antoine
Rue du Ruhaux, 10 - 1340 Ottignies
+32 (0)474 44 17 02
syltoine@gmail.com - Didier Lestarquy
Avenue Chazal, 135 1030 Bruxelles
+32(0)474 99 14 05
didierlestarquy@gmail.com
-
Objectifs
La Commission formation et enseignement est animée par le Secrétaire de la Commission, membre du Bureau. Sa composition est arrêtée pour trois ans par le Conseil d’administration. Un enseignement sera mis en place : ateliers, séminaires, groupes de travail autour de la lecture de textes de Freud et de Lacan ainsi que d’autres auteurs psychanalystes, autour de la métapsychologie, de la clinique des névroses et des psychoses, de la psychanalyse d’enfants, de la logique, de l’épistémologie, des questions institutionnelles, etc. Des possibilités de rencontres informelles entre analystes en formation et leurs aînés autour de questions surgies de la pratique quotidienne seront mise en place.
À côté de cet enseignement de base, on encouragera les groupes de travail qui souhaitent s’annoncer sous leur propre responsabilité. On assurera à ces groupes la diffusion nécessaire à la mise en place de leur projet. On veillera à instaurer des débats autour de questions cruciales. La recherche est ouverte à tous et il n’est pas besoin d’être reconnu analyste pour s’intéresser à la psychanalyse. Les analystes en formation sont, en fait, avec les patients, les véritables enseignants des enseignants. Question à ne pas perdre de vue. Il n’est pas exclu que chacun puissent à certains moments, proposer un thème de réflexion à la Commission formation et enseignement. Espace analytique Belgique entend bien arracher l’enseignement à des questions de promotion interne des analystes. C’est aussi avec les erreurs que se fait une formation et que naît une dimension éthique. C’est dans un après-coup qu’apparaîtra ce qui doit être privilégié, pour garantir à l’ensemble un minimum de cohérence. Cette dimension de l’après-coup sanctionne une expérience de façon plus juste que lorsque des restrictions sont posées au départ.
La Commission formation et enseignement organise la formation et l’enseignement à Espace analytique Belgique. A ce titre, elle statue sur toute demande d’atelier, séminaire ou groupe de travail et cartels. Cette mise en place d’activités, d’enseignements, de rencontres, de colloques, de journées d’étude, et de congrès sera assurée par la Commission et soumis à l’approbation du Conseil d’administration. Enfin, elle poursuit un travail de réflexion sur sa pratique dont elle doit témoigner devant le Séminaire des membres.
Commission Accueil et Admission
Pour s’inscrire à Espace analytique Belgique en tant que membre, il est demandé de rencontrer une ou plusieurs personnes de la commission accueil et admission. Veuillez-vous reporter aux textes ci-dessous afin de prendre connaissance des critères d’adhésion.
Membres de la commission
Les différents statuts au sein d'Espace Analytique Belgique
Dernière mise à jour de ce texte : décembre 2013
- Les Adhérents d’Espace analytique Belgique ont une pratique se référant à la psychanalyse ou travaillent dans le champ de disciplines affines. Ils sont dans un processus de formation analytique. A cet égard, ils ont entamé ou réalisé une cure analytique, effectuent ou ont effectué des contrôles réguliers et participent aux activités organisées par l’Association. Pour une nomination en tant qu’Adhérents, les candidats rencontrent deux membres de la Commission accueil et admission. Leur admission devra ensuite être ratifiée par le Conseil d’administration. Ils bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique et peuvent assister à l’Assemblée générale mais n’y ont pas droit de vote. Ils paient une cotisation dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée générale sur proposition du Bureau. Une rencontre aura lieu avec un membre de la Commission accueil et admission tous les deux ans.
- Les Analystes praticiens d’Espace analytique Belgique ont une formation reconnue et garantie par Espace analytique Belgique. Pour une nomination en tant que Analystes Praticiens, les candidats rencontrent trois membres de la Commission accueil et admission. Les trois entretiens porteront sur le trajet analytique du candidat (analyse personnelle et cures contrôlées), sur sa pratique (cinq ans de pratique de la cure analytique minimum), sur les enseignements suivis et ses travaux (exposés, communications, publications). Un avis peut être demandé aux contrôleurs. L’analyste du candidat n’est, en principe, jamais sollicité ; tout au plus peut-il lui être demandé - avec son accord - de confirmer que ce dernier s’est engagé dans une analyse personnelle. Leur admission devra ensuite être ratifiée par le Conseil d’administration. Ils bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique, ont droit de vote lors des assemblées générales et peuvent être membres du Conseil d’administration. Ils paient une cotisation dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée générale sur proposition du Bureau.
- Les Analystes Membres d’Espace analytique Belgique sont des psychanalystes dont la formation est reconnue et garantie par Espace analytique Belgique et le Collège international d’Espace analytique. Ils sont engagés dans une élaboration des questions cruciales de la psychanalyse qui constitue la visée de l’Association (formation, recherches et transmission psychanalytiques). Ils bénéficient des prestations d’Espace analytique Belgique et assistent à l’Assemblée générale où ils ont droit de vote Ils paient une cotisation dont le montant est fixé chaque année par l’Assemblée générale sur proposition du Bureau. Processus de nomination : deux entretiens préalables à la réunion du Jury d’association auront lieu. Le premier avec le Secrétaire de la Commission accueil et d’admission ; le second avec un membre de cette même Commission. Enfin, le Secrétaire donnera l’éventuel accord de la Commission après réunion de celle-ci. Le candidat constituera alors son Jury. Au cours de ces entretiens, il est établi que le candidat satisfait aux critères nécessaires (mais non suffisants) retenus pour les membres :
-
-
-
-
-
-
-
- avoir effectué une analyse personnelle,
- avoir une pratique de la cure analytique depuis dix ans au minimum,
- avoir une expérience clinique en institution psychiatrique,
- avoir effectué au moins deux cures contrôlées avec deux contrôleurs différents,
- avoir été inscrit à Espace analytique de Belgique au moins pendant un an comme Analyste Praticien.
-
-
-
-
-
-
Le candidat constitue alors son Jury d’association qui comprend quatre analystes :
-
-
-
-
-
-
-
- Deux analystes sont choisis par le candidat parmi les Analystes Membres d’Espace analytique Belgique. Néanmoins, l’un des deux pourra être extérieur à l’association, sous réserve de l’accord du Conseil d’administration.
- Deux analystes sont tirés au sort par le candidat sur la liste des Analystes Membres d’Espace analytique Belgique
-
-
-
-
-
-
Le travail du Jury d’association et du candidat porte sur le champ ouvert par la formation analytique de celui-ci, sa pratique, ses travaux (écrits, participation à des séminaires, groupes de travail, interventions aux colloques, aux journées d’études, etc.), c’est-à-dire sur la singularité de son trajet. Participer à un Jury d’association engage l’Analyste Membre à en rendre compte — en tenant compte du secret inhérent au travail des Jurys — devant le Séminaire des Analystes Membres et Analyste Praticiens ; à participer à un travail sur les questions de la formation et de la qualification dans l’Association. Ainsi, devrait se dégager peu à peu les modalités d’une pratique des Jurys qu’il n’y a pas lieu de prescrire à l’avance. Le Jury se réunira au moins quatre fois, dont l’une sans le candidat. Le ou les psychanalystes du candidat, de même le ou les contrôleurs du candidat doivent se récuser s’ils ont été choisis ou tirés au sort. Aucun analyste, choisi ou tiré au sort, ne peut participer à deux Jurys dans le même moment. On limitera la durée d’un Jury à un an. En cas de refus d’une candidature par un Jury, il est demandé un délai d’un an entre la fin de ce Jury et le début du Jury suivant. La nomination, à terme, requiert la ratification du Conseil d’administration.
Pour s’inscrire à Espace analytique Belgique en tant que membre, il est demandé de rencontrer une ou plusieurs personnes de la commission accueil et admission. Il existe différents statuts au sein d' Espace analytique:
Les Adhérents d’Espace analytique Belgique ont une pratique se référant à la psychanalyse ou travaillent dans le champ de disciplines affines. Ils sont dans un processus de formation analytique. A cet égard, ils ont entamé ou réalisé une cure analytique, effectuent ou ont effectué des contrôles réguliers et participent aux activités organisées par l’Association.
Les Analystes praticiens d’Espace analytique Belgique ont une formation reconnue et garantie par Espace analytique Belgique, concernant le trajet analytique du candidat (analyse personnelle et cures contrôlées), sa pratique (cinq ans de pratique de la cure analytique minimum), les enseignements suivis et ses travaux (exposés, communications, publications).
Les Analystes Membres d’Espace analytique Belgique sont des psychanalystes dont la formation est reconnue et garantie par Espace analytique Belgique et le Collège international d’Espace analytique. Ils sont engagés dans une élaboration des questions cruciales de la psychanalyse qui constitue la visée de l’Association (formation, recherches et transmission psychanalytiques).
Les Adhérents d’Espace analytique Belgique ont une pratique se référant à la psychanalyse ou travaillent dans le champ de disciplines affines. Ils sont dans un processus de formation analytique. A cet égard, ils ont entamé ou réalisé une cure analytique, effectuent ou ont effectué des contrôles réguliers et participent aux activités organisées par l’Association.